Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie. | © Catt.ch
Vatican

Coronavirus: Mgr Paglia dénonce un «massacre des personnes âgées»

La pandémie a révélé «l’incapacité de la société contemporaine à s’occuper convenablement de ses personnes âgées», a déclaré Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la Vie, lors d’une conférence au Vatican de présentation du document «La vieillesse, notre avenir», le 9 février 2021. Dénonçant le «massacre des personnes âgées» résultant du coronavirus, il a plaidé pour la reconstruction d’un «réseau d’affection et de liens qui unissent les générations» pour que la famille soit à nouveau «une maison accueillante» pour tous les âges. 

Le Saint-Siège a présenté lors d’une conférence de presse en ligne son nouveau document «La vieillesse, notre avenir», qui propose de repenser la place accordée aux personnes âgées dans la société actuelle. Ce texte, fruit d’une collaboration du Dicastère pour le service du développement humain intégral et de l’Académie pour la vie, souligne «l’urgence d’une nouvelle attention aux personnes âgées», et plaide en particulier pour une «vieillesse à domicile». 

La crise pandémique, a souligné Mgr Paglia, a provoqué la mort de très nombreuses personnes âgées – la grande majorité des 2,3 millions de victimes – et révélé «l’incapacité de la société contemporaine à s’occuper convenablement de ses personnes âgées». Dénonçant un véritable «massacre des personnes âgées», en particulier dans les EMS, le prélat a affirmé l’impossibilité de maintenir plus longtemps sur le sujet «un silence coupable et suspect», s’en prenant notamment aux industries pharmaceutiques «qui ne veulent pas donner leurs brevets» pour faciliter la lutte contre le coronavirus. 

Au-delà même de la crise actuelle, «la société ne sait pas quoi faire des personnes âgées, et souvent les rejette», a encore déploré l’Italien, soulignant que leur nombre augmente. Contre cette tendance, le Saint-Siège appelle à la refondation d’un «réseau d’affection et de liens qui unissent les générations».  En effet, a insisté le prélat, il est nécessaire de faire à nouveau de la famille «une maison accueillante» pour tous les âges, parce qu’au-delà de la maladie, le vrai vaccin aux malheurs de la société «est l’amour» dont se nourrissent les membres d’une même famille. 

Magistère de la fragilité

Celui qui s’était vu confié par le gouvernement italien une commission pour l’assistance aux personnes âgées en septembre 2020 a aussi souligné l’importance spirituelle du «magistère de fragilité» qui incombe aux anciens. Par leur témoignage, ils peuvent devenir «une force et un instrument d’évangélisation». 

Mgr Paglia a enfin remercié le pape pour l’institution le 31 janvier de la Journée mondiale des grands-parents et des personnes âgées, qui se tiendra chaque année le 25 juillet à l’occasion de la fête des parents de la Vierge, saints Joachim et Anne.

«Vieux à cinquante ans»

Mgr Bruno-Marie Duffé, secrétaire du Dicastère pour le service du développement humain intégral, a pour sa part souligné la perversité d’une société ‘technicienne’ qui se concentre uniquement sur l’efficacité et place dès lors de plus en plus tôt les anciens au ban de la société. Il a notamment fustigé les «entreprises industrielles où l’on est considéré comme vieux à cinquante ans».

Les personnes âgées apportent à la famille deux richesses inestimables, a insisté le prélat français: «le rêve et la tendresse». «L’ancien n’a qu’une seule chose à vivre : offrir ce qu’il a découvert de la vie, pour que l’enfant ait encore – et toujours – le goût de découvrir et d’inventer la vie», a-t-il expliqué.

Les anciens ont une «longueur d’avance»

«Le paradoxe est […] que les anciens ont toujours une longueur d’avance», a encore souligné Mgr Duffé. La mémoire et l’expérience dont ils disposent, a-t-il insisté, sont des conditions indispensables pour faire grandir l’espérance dans une société. 

De plus, a insisté le Français, «dans le trésor de la mémoire, il y a en effet la foi, reçue et offerte: ce goût de la vie éternelle qui est déjà commencée». 

Le cas d’école japonais

Une universitaire japonaise, Etuso Akiba, par ailleurs membre de l’Académie pontificale pour la vie, a présenté brièvement les enjeux que pose la vieillesse au Japon. Ce pays a la population le plus âgé du monde et un taux de natalité très faible. 

Dans cette société passée en quelques années d’un modèle de famille traditionnel où les grands-parents habitent chez leurs enfants à un modèle mononucléaire, c’est une «discrimination» qui s’est mise en place à l’égard des plus anciens.

Etuso Akiba a insisté sur la nécessité de s’inspirer de certaines communautés qui revisitent les modèles traditionnels – sans pour autant imposer une «vision nationaliste étroite» – qui montrent les grands bénéfices psychologiques et sociaux de la cohabitation des générations sous un même toit. (cath.ch/imedia/cd/gr)

Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie. | © Catt.ch
9 février 2021 | 17:35
par I.MEDIA
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