COP21: Alliance Sud salue un accord «historique»
L’accord signé le 12 décembre 2015 dans le cadre de la conférence mondiale de Paris sur le climat (COP21) est «réellement historique», s’enthousiasme Jürg Staudenmann. Le responsable du dossier climat et environnement pour la coalition d’ONG suisses Alliance Sud confirme à cath.ch que la mobilisation des Eglises ainsi que l’encyclique du pape François sur l’environnement ont eu une forte influence sur ce résultat.
La signature de cet accord est «une étape très importante et le début d’une nouvelle ère», assure l’expert d’Alliance Sud, qui regroupe six organisations de développement, dont les œuvres d’entraide catholiques Caritas Suisse et Action de Carême (AdC).
Un accord sans précédent pour lutter contre le réchauffement, dont l’ampleur menace la planète de catastrophes climatiques, a été adopté le 12 décembre à Paris par 195 pays. Pour limiter les dérèglements climatiques, l’accord entérine notamment l’objectif très ambitieux de contenir le réchauffement «bien en deçà de 2°C». Il appelle même à «poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5°» par rapport à l’ère pré-industrielle. Jusqu’à présent, les 2°C étaient visés.
Contrer les lobbys
Jürg Staudenmann, qui a participé à la conférence, salue cet engagement inédit des Etats. «Je pense que l’accord a été signé dans un esprit de sincérité. Il y a une réelle volonté de changer les choses», affirme-t-il. L’expert climatique se dit optimiste, en particulier pour les émissions de CO2.
Il note tout de même qu’il ne s’agit pour l’instant que d’un papier. «Nous ne sommes qu’au début, poursuit-t-il. C’est maintenant que les Etats doivent agir». Il estime qu’un avantage majeur de l’accord concerne la facilitation de la lutte contre les lobbys de l’industrie. La volonté clairement affichée des gouvernements leur rendra difficile de trouver des arguments pour contrer les mesures qui leur seraient défavorables économiquement.
Zones d’ombre
Bien qu’enthousiasmant, l’accord montre, pour l’activiste écologique, tout de même quelques lacunes. Notamment parce qu’il ne prévoit pas de sanctions pour les pays qui ne joueraient pas le jeu, ni ne fixe de buts quantitatifs.
Jürg Staudenmann met également quelques bémols concernant le volet de l’accord dans lequel les pays riches se sont engagés à aider les pays en développement, spécialement ceux confrontés aux problèmes résultant du changement climatique. Cette aide, qui doit atteindre 100 milliards de dollars annuels en 2020, devra être «un plancher», appelé à être revu à la hausse. «C’est un geste symboliquement important, note le responsable d’Alliance Sud, mais les mesures en ce sens ne sont pas clairement établies et constituent pour une grande part une répétition de ce qui existe déjà».
Un fruit de ‘Laudato Si’?
Malgré tout, les Etats semblent avoir compris qu’il est «temps de faire quelque chose», note-t-il, au vu de ce qu’il a pu observer à Paris. Il souligne que la mobilisation internationale a été cruciale, en mettant les responsables politiques sous pression. «Les centaines de milliers de personnes qui sont descendues dans la rue ces dernières semaines ont donné aux dirigeants un signal clair que la population mondiale exige un changement». Jürg Staudenmann explique que les appels des diverses institutions religieuses ont également constitué un levier considérable pour la signature de l’accord. Dans ce cadre, «l’encyclique ‘Laudato Si’ du pape François a certainement eu une très forte influence», assure l’expert.
Il souligne enfin que, si l’accord représente une très bonne plateforme d’action, «une forme de Constitution» pour les mesures climatiques, il faut que les Etats le concrétisent. Et pour cela, «il faut maintenir la pression sur les gouvernements», martèle le responsable d’Alliance Sud. (cath.ch-apic/rz)