Conversations fictives ou confidences indiscrètes?
Jura: L’écrivain Olivier Le Gendre propose d’»inventer» un nouveau modèle d’Eglise
Porrentruy, 23 janvier 2012 (Apic) Dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, les paroisses catholique et réformée de Porrentruy ont invité Olivier Le Gendre. L’écrivain, journaliste français et militant religieux a relaté, le 19 janvier 2012 au centre paroissial protestant de Porrentruy, les conditions dans lesquelles il a rédigé «Confession d’un cardinal» et «L’espérance du cardinal».
«Je connais beaucoup de prêtres et d’évêques qui donnent la communion à des gens remariés, alors que c’est parfaitement interdit par les autorités vaticanes. C’est ce type de réglementations qui m’insupportent. Le salut de l’Eglise catholique ne se trouve pas dans la hiérarchie».
Apparemment grand connaisseur des acteurs, des lieux et du fonctionnement du milieu ecclésiastique de l’enclave romaine, Olivier Le Gendre considère qu’il faut «inventer» un nouveau modèle d’Eglise: «Dans ce monde désenchanté et pour ce monde désenchanté, l’Eglise doit inventer une nouvelle façon d’être fidèle à son message». Cette théorie est l’une des pistes imaginées par un cardinal qui, en 2005, aurait contacté Olivier Le Gendre pour l’aider à rédiger ses mémoires. «Je n’étais pas très chaud pour travailler sur ce projet, mais après plusieurs rencontres, j’ai accepté le mandat». C’est ainsi qu’à l’automne 2007, le journaliste français publie «Confession d’un cardinal», aux éditions Jean-Claude Lattès.
Avec cet ouvrage, suivi de «L’espérance du cardinal» – ils se veulent être la transcription d’entretiens avec un cardinal anonyme –, il atteint le grand public et fait vraiment parler de lui. Il aurait vendu plus de 100’000 exemplaires à ce jour.
Les enjeux de l’Eglise
Olivier Le Gendre était au Centre paroissial protestant de Porrentruy, le 19 janvier, pour animer une conférence intitulée «Chrétiens, comment être porteurs d’Espérance pour notre monde?» Invité par les paroisses catholique et réformée de Porrentruy dans le cadre de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, le journaliste a évoqué ses rencontres avec «son cardinal», un personnage présenté comme un haut responsable proche du pape Jean Paul II, apparemment «tourmenté» par le sens de son action à la tête de l’un des ministères les plus importants du Vatican. Poste qu’il a quitté pour se consacrer aujourd’hui aux enfants délaissés dans un pays du Sud-Est asiatique.
A travers de multiples anecdotes et de propos attribués à «son cardinal», Olivier Le Gendre évoque «l’enjeu qui sépare deux grandes tendances de l’Eglise: l’une qui tente de restaurer les pratiques ancestrales, tandis que l’autre prépare la relève pour le moment où l’affaiblissement de l’institution sera si criant que de nouveaux modes de fonctionnement deviendront obligatoires».
Dans «ses» révélations, le cardinal se confie sur différents événements qui ont secoué le Vatican, dont l’attentat contre Jean Paul II ou les scandales financiers. Et, quand on lui demande pourquoi il s’obstine à préserver l’anonymat de «son cardinal», Olivier Le Gendre rappelle que le plus petit Etat du monde est habité, géré et dirigé par des hommes. «Le Vatican est un endroit complexe où beaucoup d’informations et de rumeurs circulent. De plus, dans la population qui l’anime, il y a 5% d’escrocs qui colportent des rumeurs ou qui sévissent dans le domaine financier. Ça laisse tout de même 95% de gens de bonne volonté».
Info ou intox?
Selon le cardinal interrogé par Olivier Le Gendre, la théologie du célibat sacerdotal est dépassée: «Nous sommes la religion de l’Incarnation. Il ne faut donc plus séparer le prêtre de la vie concrète. Le gouvernement de l’Eglise s’obstine à concocter des lois sans arrêt, il sacralise à outrance en croyant pouvoir tout maîtriser, tout contrôler en permanence».
Pendant deux bonnes heures, Olivier Le Gendre a parlé de ses livres, de «son cardinal» et des idées qu’ils partagent pour redorer l’image de l’Eglise et mettre un terme à «la crise des chiffres» (la baisse des vocations, la désaffection grandissante dans les églises). Au terme de cette présentation, plusieurs questions restent ouvertes: le personnage présenté par Olivier Le Gendre est-il bien cardinal ou simplement un alter ego fictif – un subterfuge éditorial –, servant à cautionner ses propres théories? Ou, comme certains observateurs l’affirment sur internet, «une opération commanditée par des personnages de haut rang qui prétendent déjà préparer un après Benoît XVI?»
Encadré
Marié, père de cinq enfants, Olivier Le Gendre a dirigé pendant vingt ans une société spécialisée dans le conseil informatique et le management. Depuis plus de dix ans, il travaille à mi-temps pour se consacrer à l’écriture et à ses engagements chrétiens.
Responsable international des ’Amis de l’Assomption’ et président d’’Assomption Solidarité’ qui soutient des projets d’éducation et d’évangélisation à travers le monde, Olivier Le Gendre a signé plusieurs ouvrages de spiritualité, dont «Le Charpentier», «Les masques de Dieu», «Lettre aux Successeurs de Jean-Paul II», plus récemment «Les évangiles des Parents». Avec «Confession d’un cardinal», suivi de «L’espérance du cardinal», il atteint le grand public. (apic/sic/pt/ggc)