Construction de la première église chrétienne en territoire turc depuis 1923
La construction à Istanbul d’une nouvelle église chrétienne sur le territoire de la République de Turquie, la première depuis 1923, débutera à la fin février 2019. Cet édifice de l’Eglise syro-orthodoxe est prévu dans le quartier commercial de Bakirkoy, situé dans la partie européenne d’Istanbul.
Bulent Kerimoglu, maire de Bakirkoy, l’a annoncé le 8 janvier 2019 après une réunion avec Mgr Yusuf Cetin, métropolite de l’Eglise syriaque orthodoxe en Turquie, qui bénéficiera de ce nouveau lieu de culte. Les travaux de construction devraient durer tout au plus deux ans. La nouvelle église se trouvera dans le quartier Yesilkoy de Bakirkoy, dans une zone proche de l’aéroport international Atatürk. Elle pourra accueillir plus de 700 fidèles.
25’000 chrétiens syriaques vivent en Turquie
Actuellement, quelques 25’000 chrétiens syriaques vivent en Turquie, concentrés en majorité dans les faubourgs d’Istanbul, où ils seraient environ 17’000. Nombre d’entre eux résident dans les zones adjacentes proches de la future église.
La construction de la nouvelle église avait en réalité été déjà annoncée en 2015 par le Premier ministre de l’époque Ahmet Davutoğlu, au cours d’une réunion avec les représentants des minorités religieuses turques non musulmanes. La communauté syro-orthodoxe était alors en pleine croissance en Turquie en raison de l’arrivée de réfugiés provenant de la Syrie en guerre.
Un plan turc pour attirer les chrétiens syriaques ?
Au cours de ces dernières années, les autorités politiques turques ont envoyé divers signaux aux communautés chrétiennes syriaques, au point que certains observateurs et commentateurs ont pu parler de l’existence d’un plan turc. Il viserait à faire de la Turquie une nouvelle patrie pour les nombreux chrétiens syriaques résidant en Syrie et en Europe. Leurs ancêtres vivaient autrefois en Turquie, avant les massacres de masse des populations chrétiennes de Haute-Mésopotamie à la fin de l’Empire ottoman.
Au cours des premières années du conflit syrien, les autorités turques avaient préparé à Mydiat – centre séculaire d’une enclave chrétienne syriaque dans la province de Mardin, au sud-est de la Turquie – un camp de réfugiés réservé aux chrétiens syriaques. Cette installation était en mesure d’accueillir 4’000 personnes, rapporte l’agence d’information vaticane Fides.
Le génocide des chrétiens pendant la Première guerre mondiale
Alors que s’effondrait l’Empire ottoman, ce sont toutes les minorités qui ont subi le génocide: les peuples arménien, assyro-chaldéen-syriaque, grec pontique et yézidi. Durant la Première Guerre mondiale, de façon contemporaine au génocide arménien de 1915, l’extermination par le régime des «Jeunes Turcs» des populations syriaques, assyriennes et chaldéennes est connue sous le nom de «Seyfo» (épée ou sabre, en langue syriaque).
Les Grecs «pontiques» (du Pont, de Thrace orientale et d’Anatolie) subirent le même sort dans la phase finale de la Deuxième Guerre gréco-turque. La population assyrienne (ou araméenne) de l’époque a été décimée, subissant, tout comme les Arméniens, une élimination planifiée. Ce génocide commis par les Turcs et les Kurdes, visant toutes les communautés chrétiennes orientales, fut longtemps ignoré. (cath.ch/fides/be)