Le cardinal Gerhard Müller souhaite un pape qui reviendrait à la tradition | © Jacques Berset
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Conclave: des cardinaux de diverses sensibilités «rêvent» leur prochain pape

Alors que le conclave devrait s’engager début mai 2025, certains cardinaux électeurs se sont déjà exprimés sur le profil du pape qu’ils aimeraient voir émerger. L’enjeu principal étant la poursuite de l’héritage du défunt pontife.

«Il s’agira essentiellement d’un référendum sur le pontificat de François», juge Robert Carl Mickens. C’est ainsi que le journaliste d’UCA News qualifie, dans une chronique, le prochain conclave. Cette grande réunion à huis-clos de cardinaux destinée à élire un nouveau pontife pourrait débuter dès la fin de la période de deuil décrétée au Vatican, soit au plus tôt le 5 mai prochain.

À cette occasion, des prélats de sensibilités ecclésiales et théologiques diverses seront chargés de nommer qui parmi eux sera le successeur de François. La presse s’est déjà faite l’écho de quelques cardinaux représentatifs. Au-delà des étiquettes parfois réductrices de «conservateurs» et «progressistes» la ligne de fracture se situe clairement sur une continuation du style «pastoral» de François ou un retour à une direction de l’Église plus traditionnelle et doctrinaire.

«Tout le monde ne veut pas être embrassé par des vieillards»

Dans le camp du «retour», le cardinal Gerhard Müller a donné sa vision dans une interview au journal britannique The Times (23 avril 2025). L’Allemand estime que le prochain pontife ne devrait être «ni libéral, ni conservateur». Celui qui a été préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi considère que le combat se situe «entre orthodoxie et hérésie». Il affirme ainsi que l’élection «d’un pape hérétique qui changerait chaque jour en fonction de ce que disent les médias de masse serait catastrophique».

«J’aimerais voir quelqu’un avec la vigueur, la conviction et la force d’âme de Jean Paul II, la puissance intellectuelle de Benoît, et le cœur de François» – cardinal Timothy Dolan

Ce faisant il plaide pour une approche radicalement différente de celle de l’Argentin, également sur le plan de l’attitude. Il critique ainsi «les papes populaires qui embrassent et prennent dans leurs bras des bébés», estimant que «tout le monde ne veut pas être embrassé par des vieillards».

Le cardinal Müller admet que le pape François «a été un homme bon». Mais son successeur «ne devrait pas chercher les applaudissements du monde profane, qui voit l’Église comme une organisation humanitaire effectuant un travail social». «Dans le catholicisme, il ne s’agit pas d’obéir aveuglément au pape sans respecter les Saintes Écritures, la tradition et l’enseignement de l’Église», ajoute-t-il.

Une combinaison des trois derniers?

Dans un style plus modéré, le cardinal Timothy Dolan aimerait «voir quelqu’un avec la vigueur, la conviction et la force d’âme de Jean Paul II, avec la puissance intellectuelle d’un pape Benoît, avec le cœur d’un pape François». Pour l’archevêque de New York, «nous ne sommes pas dans un laboratoire où l’on fait des mutations génétiques, mais c’est probablement ce que nous rechercherons.»

Le prélat américain a ajouté à NBC News qu’il espérait un prochain chef spirituel des catholiques incarnant «la chaleur, le cœur et le sourire» du pape François avec «plus de clarté dans l’enseignement, plus de raffinement de la tradition de l’Église, plus de recherches dans les trésors du passé pour nous rappeler ce que Jésus attend de nous».

Poursuivre un pontificat «ancré dans l’amour»

Mais d’autres cardinaux ont exprimé leur souci de rester fidèles à la ligne «franciscaine». C’est le cas d’Ángel Sixto Rossi, un cardinal argentin proche du défunt pontife. «Pour tout ce que son pontificat a signifié, il laisse un héritage qui, je l’espère, nous permettra de faire ce qu’il portait dans son cœur», a affirmé l’archevêque de Cordoba au média américain National Catholic Reporter (26 avril 2025). Le prélat a exhorté à «être fidèle [à François] en ayant le courage qu’il a toujours eu de vivre réellement l’Évangile. La révolution de François consiste à revenir à l’Évangile.»

Pour le cardinal Rossi, il ne s’agit pas simplement de slogans politiques ou de grands gestes, mais plutôt d’un «pontificat évangélique» ancré dans l’amour, la miséricorde et la fraternité de tous.

Un héritage également promu par le cardinal Jean-Claude Hollerich. L’archevêque de Luxembourg, interrogé par l’agence IMEDIA (25 avril 2025), a appelé à «continuer ce que le pape François a commencé, c’est-à-dire, la priorité aux pauvres, l’engagement pour une écologie intégrale centrée sur les personnes.» Le prélat francophone a également soutenu la poursuite du chemin synodal lancé par le pape François. (cath.ch/ag/arch/rz)

Le cardinal Gerhard Müller souhaite un pape qui reviendrait à la tradition | © Jacques Berset
27 avril 2025 | 16:44
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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