Comme l'Eglise, la paroisse aussi doit être 'en sortie'
par Grégory Roth, de retour de Rome
«Le renouveau des paroisses passe par une transformation missionnaire». Tel est le souhait du pape François, dans son exhortation apostolique de 2013, Evangelii Gaudium (EG), et réaffirmé durant le colloque international du 28 au 30 novembre 2019, suivi par cath.ch à Rome.
«L’Eglise est évangélisatrice par nature [EG 111]. Mais l’Eglise, c’est un peuple tout entier qui chemine vers Dieu. Les fidèles ne sont pas de simple réceptacles passifs», a plaidé Mgr Pedro Salamanca Mantilla, évêque auxiliaire de Bogota, en Colombie, un des orateur de la rencontre «L’Église en sortie. Réception et prospectives d’Evangelii Gaudium«, en français, La Joie de l’Evangile.
Une paroisse «semper reformanda»
«Dans son exhortation [EG 28], le pape rappelle que la paroisse n’est pas caduque», évoque l’évêque colombien, docteur de l’Institut catholique de Paris. «Pour autant qu’elle deviennent toujours davantage une réalité communautaire, qui respecte le contexte social dans lequel elle évolue», précise-t-il.
Se basant sur les textes de Vatican II «qui présentent la conversion ecclésiale comme l’ouverture à une réforme permanente de soi», le pape François parle notamment de «plasticité de la paroisse». Plusieurs configurations territoriales s’avèrent viables pour conjuguer contexte social et réalité communautaire.
Dans un premier temps, le pape invite à prendre l’initiative. «Dans nos relations personnelles déjà, il y a de nombreuses occasion de dialogue, pour témoigner de ce que Dieu m’apporte dans ma vie», étaye l’évêque colombien. «Et pour la paroisse, poursuit-il, il s’agit de proposer des actions missionnaires en lien avec le contexte social».
Ne pas assister les pauvres, mais les intégrer
Tenir compte du contexte social, cela signifie s’interroger sans cesse sur la place des pauvres. «Je désire une Eglise pauvre pour les pauvres [EG 198]», martèle François, invitant jusqu’à reconnaître «la force salvifique de leur existence». Il ne s’agit pas d’assurer un assistanat pour les plus démunis, mais de les intégrer aux réflexions paroissiales. «C’est une question de justice sociale, rappelle Mgr Pedro. Rendre la présence de Dieu dans le monde, lire les réalités et détecter les injustices».
«Être ‘en sortie’, une attitude humaine et spirituelle de proximité»
Mgr Pedro Salamanca Mantilla
Dans un deuxième temps, le pape suggère «d’accompagner, de faire fructifier et de fêter» ces actions missionnaires. «Faire découvrir la mission de chacun dans la paroisse. Car tous y ont leur place. La paroisse doit être un lieu et une école de dialogue. Comme le dit saint François de Sales: la paroisse est une source à laquelle tous peuvent s’abreuver», indique le théologien colombien.
Comme l’Eglise, la paroisse aussi doit être ‘en sortie’. «L’expression de François n’est ni géographique ou spatiale, mais elle renvoie à une attitude humaine et spirituelle de proximité, explique Mgr Pedro. La paroisse avance en ‘synodalité’, discernant avec les visages concrets». Et l’évêque auxiliaire de Bogota de rappeler l’importance de la ‘décléricalisation’, «ancrée tant chez les prêtres que les laïcs», précise-t-il.
Une famille de familles
«Un prêtre m’a dit un jour: la plénitude du sacerdoce, ce n’est pas l’évêque, mais la paroisse», raconte Mgr Pedro Salamanca Mantilla. «Ce prêtre ne voulait en rien dévaloriser le ministère épiscopal, mais plutôt insister sur l’importance de la mission paroissiale dans son ministère de prêtre».
Le prélat colombien termine son allocution en comparant la paroisse à une image de «famille de familles». «Elle doit être plus accueillance, aimante, souriante et chaleureuses. Sa beauté doit être à l’image de la beauté et de l’amour des couples». (cath.ch/gr)