Coire: un prêtre soupçonné d’abus suspendu
Un prêtre allemand ayant officié dans le diocèse de Coire a été suspendu suite à une enquête interne, suivant des allégations d’attouchements sur une personne mineure. Le Vatican aurait demandé que l’évêché prenne des mesures de précaution.
Wolfgang Holz, kath.ch/ traduction et adaptation: Raphaël Zbinden
L’accusé est un Allemand de 36 ans qui, avant d’être ordonné prêtre, avait déjà travaillé pendant huit ans dans différentes paroisses de Suisse centrale, rapporte le Tages Anzeiger (21 novembre 2024). Dans ces lieux, il aurait été vu régulièrement à la cantine de l’école, aurait été actif dans des groupes de jeunes et de scouts. Devenu diacre, il a travaillé dans une petite ville, également en Suisse centrale.
Cette dernière paroisse annonçait cependant en 2023 que son contrat de travail avait été résilié d’un commun accord, sous motif d’un congé sabbatique. La remarque selon laquelle «un retour n’est pas prévu» avait suscité des interrogations. Le Tages Anzeiger indique que le départ rapide du prêtre avait des raisons solides. En effet, en novembre 2022, le vicariat général de Suisse centrale avait déposé une plainte pénale aux autorités du canton de Schwytz. Celle-ci concernait des accusations d’attouchements à de multiples reprises, ainsi que des massages, sur une personne mineure au moment des faits. Le Ministère public de Schwytz a toutefois rapidement classé l’enquête, estimant qu’il s’agissait tout au plus de «harcèlement sexuel». Le délai de plainte était en outre dépassé.
Prêtre suspendu
Malgré le classement au niveau pénal, Mgr Joseph Bonnemain, évêque de Coire, a réagi rapidement. Il a lancé une enquête interne contre ce prêtre «en raison de soupçons d’abus sexuels sur mineurs», comme l’indique un document. L’enquête préliminaire s’est achevée en octobre 2023 et les soupçons à l’encontre du jeune prêtre n’ont pas pu être levés. Mgr Bonnemain a donc pris un décret de suspension début 2024, interdisant à l’accusé toute activité sacerdotale.
La pression exercée par le Vatican semble avoir joué un rôle non négligeable dans l’enquête. En effet, le service en charge des abus au Vatican aurait ordonné au diocèse de Coire de prendre immédiatement des mesures de précaution contre le prêtre.
Pas de manque de transparence
kath.ch a interpellé le diocèse sur le fait que l’affaire n’avait pas été rendue publique. Nicole Büchel, porte-parole de l’évêché de Coire, a expliqué que lors de l’ouverture d’une enquête préliminaire dans l’Église, il était nécessaire de bien peser les avantages et les inconvénients d’une information au public. Le cercle restreint des cadres de l’Église aurait toutefois été informé immédiatement et en continu. «Il faut en outre évaluer dans quelle mesure une telle enquête affecte l’ensemble de l’environnement de toutes les personnes concernées. Et il faut préserver la protection des données et la sphère privée», a poursuivi Nicole Büchel. Selon elle, on ne peut pas parler dans ce cas d’un manque de transparence. «L’évêché de Coire, avec la corporation ecclésiastique et la paroisse, s’est immédiatement adressé à l’opinion publique régionale et aux fidèles dès que le ministère public a terminé son enquête», a-t-elle précisé.
L’évêché ne pouvait pas informer le nouvel employeur
De son côté, le prêtre accusé se considère victime d’une campagne de diffamation. Il est retourné en Allemagne, où il travaille pour une grande entreprise, dans laquelle il serait en contact avec des jeunes. Il n’aurait pas informé son employeur qu’il avait été auparavant prêtre en Suisse pendant huit ans.
kath.ch se demande ainsi pourquoi l’évêché de Coire n’a pas informé son nouvel employeur en Allemagne des soupçons pesant sur le nouveau collaborateur. «Les autorités d’engagement sont toujours les paroisses, pas l’évêché, ce qui est souvent motif de confusion, a expliqué Nicole Büchel. Au-delà, l’Église, qu’il s’agisse d’une corporation de droit public ou d’un évêché, doit se conformer aux dispositions du droit public», a souligné la porte-parole. En effet, s’il n’y a pas de demande de référence directe et explicite du nouvel employeur au dernier employeur, une entreprise n’est pas autorisée à informer activement sur un collaborateur. (cath.ch/kath/wh/ta/rz)