Coire: le chapitre de la cathédrale rejette la Terna de Rome
Le diocèse de Coire n’a pas encore d’évêque. Réunis le 23 novembre 2020 à Coire, les chanoines de la cathédrale ne se sont pas accordés sur l’un des noms figurant sur la Terna (liste de trois candidats) envoyée par le Saint Siège. «La liste était inacceptable» pour certains membres du chapitre, a assuré une source interne anonyme au portail kath.ch. Le pape François pourrait maintenant nommer lui-même un nouvel évêque.
Par Raphaël Zbinden et Davide Pesenti
«Fumée noire» au palais épiscopal de Coire: l’élection de l’évêque de Coire n’aura pas lieu aussi rapidement que prévu. Les chanoines de la cathédrale ont en effet refusé de choisir l’un des trois candidats proposés sur la liste romaine. La Terna est maintenant retournée au pape François qui est donc sollicité à en présenter une nouvelle.
Des candidats pas assez «catholiques»?
Selon le site du Tages Anzeiger, les membres les plus «conservateurs» du chapitre cathédral auraient fait pencher la balance et empêché ainsi l’élection du nouvel évêque.
Selon des sources anonymes du quotidien suisse alémanique, le vicaire général Martin Grichting aurait suggéré de ne pas entrer en matière. La raison? Les candidats proposés par Rome auraient été trop modérés et pas assez «ancrés» dans l’Eglise catholique romaine. Sur la Terna auraient figuré le nom de trois ecclésiastiques considérés par les observateurs comme plutôt modérés, sans toutefois passer pour «progressistes»: le Tessinois Mauro-Giuseppe Lepori, ancien abbé d’Hauterive (FR) et actuel abbé général de l’Ordre des Cisterciens à Rome; le Grison de langue romanche Vigeli Monn, abbé du monastère bénédictin de Disentis (GR); Joseph Bonnemain, résidant à Zurich, vicaire épiscopal responsable des relations avec les Corporations ecclésiastique cantonales et membre de l’Opus Dei.
Une insulte envers Rome?
Dans la situation qui s’est créée, le pape François pourrait ainsi avoir le dernier mot. Selon les règles en vigueur, le Saint-Siège fait une proposition avec trois candidats. C’est à partir de celle-ci que les 22 chanoines actuels peuvent élire le futur évêque de Coire. Mais comme le chapitre de la cathédrale n’a pas fait usage de cet ancien privilège historique, le pape pourrait nommer directement son candidat préféré à la chaire épiscopale de Coire. C’est ce qu’auraient aussi suggéré les chanoines en conclusion de la réunion.
Urban Fink, de la Mission Intérieure (MI), est un spécialiste averti du système d’élection dans le diocèse de Coire. Contacté par cath.ch, il rappelle que si le refus de la Terna est avéré, ce sera une première historique. Et l’on ne sait pas réellement comment les choses peuvent se passer à présent. Il confirme que la réaction la plus «normale» serait que le prochain évêque de Coire soit nommé par Rome. «Je ne pense pas que Rome acceptera les raisons du chapitre, selon lesquelles les trois personnes sur la liste ne seraient ‘pas assez catholiques’. Car c’est une insulte de la majorité du chapitre envers Rome». Selon l’expert, il est très improbable que Rome consente à relancer la procédure.
La décision manquée prolonge l’attente du nouvel évêque de Coire. Le dernier occupant du siège épiscopal, Mgr Vitus Huonder, a pris sa retraite canonique en mai 2019. Depuis un an et demi, le diocèse de Coire est dirigé par un administrateur apostolique, en la personne de Mgr Peter Bürcher, évêque émérite de Reykjavik (Islande). (cath.ch/kath.ch/tagi/dp)