Climat: la Suisse mal notée en comparaison européenne
Les pays européens doivent davantage contribuer au financement international de la lutte contre le changement climatique dans les pays en développement, conclut un nouveau rapport du réseau Act Alliance EU. La Suisse, particulièrement concernée en la matière, n’occupe que la neuvième place au niveau européen.
Un nouveau Rapport sur l’état du financement international du climat en Europe vient d’être publié par le réseau Act Alliance EU, basé à Bruxelles, qui regroupe 144 Églises et organisations réparties sur 100 pays.
L’enquête conclut que si les pays européens ont contribué plus que les autres nations riches à aider les pays en développement à lutter contre la crise climatique, ils n’ont pas fait preuve d’une grande générosité.
Les efforts de la plupart des pays européens restent en deçà de «ce qui serait nécessaire pour atteindre les 100 milliards de dollars par an prévus dans l’accord de Paris sur le climat de 2015», indique le rapport, qui replace dans un contexte européen des conclusions similaires d’une récente étude d’Alliance Sud.
«Le rapport confirme que la Suisse, mesurée à sa puissance économique, contribue bien trop peu au financement international de la lutte contre le changement climatique par rapport à d’autres pays européens comparables», déclare Yvan Maillard Ardenti, responsable du dossier justice climatique chez Pain pour le Prochain, l’un des membres de l’Alliance ACT EU.
«La Suisse ignore l’appel de l’ONU»
Malgré ses performances économiques élevées en termes de Revenu National Brut (RNB), la Suisse n’occupe que la neuvième place.
Le nouveau rapport montre que la part du financement suisse de l’adaptation au réchauffement climatique, qui s’élève à 46 %, a été dépassée par la moitié des pays européens en 2018. La plupart des pays allouent en effet 50 à 70 % de leur financement climatique à des mesures d’adaptation. La Belgique (84%), la Hongrie (93%) et la Pologne (96%) ont des pourcentages encore plus élevés.
«Il est particulièrement choquant que la Suisse ignore l’appel de l’ONU à fournir des fonds nouveaux et additionnels pour soutenir les plus pauvres du Sud dans la lutte contre la crise climatique qui progresse», critique Jürg Staudenmann, responsable de la politique climatique à Alliance Sud.
Les fonds «additionnels» ne le sont pas
Selon lui, il est cynique de déclarer des fonds comme «additionnels» alors qu’ils sont puisés dans le budget de la coopération au développement et que ce dernier n’a pas augmenté; en d’autres termes, ces fonds sont réalloués au détriment des tâches conventionnelles de la coopération au développement. L’argument selon lequel le Parlement approuve chaque année le budget de la coopération au développement ne répond certainement pas à l’appel de l’ONU pour un financement du climat «additionnel».
«Les mesures d’adaptation sont essentielles, car le réchauffement climatique touche les couches les plus pauvres de la population dans le Sud bien plus que nous», explique Judith Macchi, responsable du climat à l’EPER. (cath.ch/com/gr)