Climat: Caritas relève la responsabilité des plus riches
Une étude menée par Caritas Suisse et la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW) révèle que la quantité d’émissions de CO2 par ménage est proportionnelle au revenu. Des résultats qui, selon l’œuvre d’entraide catholique, pourraient permettre de concevoir une politique climatique socialement plus équitable.
En Suisse, les émissions par habitant sont beaucoup plus élevées dans les ménages du segment de revenu supérieur, car, dans l’ensemble, ces derniers consomment davantage que les autres, rapporte Caritas Suisse dans un communiqué du 17 juin 2024. En moyenne, le décile (chacune des dix parties, d’effectif égal, d’un ensemble statistique ordonné) de population résidente le plus aisé produit ainsi 18,7 tonnes d’équivalents CO2 par an. Soit près de quatre fois plus que le décile le plus pauvre. Les plus grands ménages, tels que les familles, occasionnent moins d’émissions par personne que les plus petits, les jeunes davantage que les personnes âgées.
L’étude révèle en outre que les émissions dues au trafic augmentent fortement avec le revenu, bien plus que celles liées à l’habitat. «Ceux qui ont plus d’argent prennent nettement plus souvent l’avion et le volant», déclare Aline Masé, responsable du Service Politique sociale de Caritas Suisse. Les différences sont nettement moins fortes pour ce qui est du chauffage, car il y a des limites à l’expansion de la surface habitable et au relèvement de la température des pièces, sans compter que les personnes aisées ont davantage tendance à vivre dans des logements plus récents et mieux isolés.
Transférer sur l’essence la taxe sur le chauffage
Pour Caritas Suisse, ces résultats «permettent de tirer des conclusions importantes sur la manière de concevoir une politique climatique socialement équitable». Ce qui n’est de loin pas le cas à l’heure actuelle: car si le renchérissement touche surtout le chauffage, comme c’est le cas jusqu’à présent, le surcoût pour les ménages les plus pauvres est plus important que si c’est le prix de l’essence et du diesel qui augmente. «Du point de vue de la politique climatique et sociale, il serait donc juste et plus social de transférer sur l’essence et le diesel la taxe imposée actuellement sur le chauffage», souligne Aline Masé.
L’œuvre d’entraide catholique préconise donc de redistribuer de façon équitable la plus grosse part possible des taxes à la population, par analogie à la réglementation actuellement en vigueur pour la taxe sur les combustibles fossiles. (cath.ch/com/rz)