Clericus Cup: l’Eglise peut apporter au sport des «vitamines morales»
La Clericus Cup, tournoi de football entre prêtres et séminaristes des universités et collèges de Rome, se déroulera du 24 février au 26 mai 2018. L’occasion d’interviewer Mgr Melchor Sánchez de Toca Alameda, sous-secrétaire du Conseil pontifical de la culture. En charge de la section ›sport et foi’, il a notamment représenté le Saint-Siège pour l’ouverture des Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang.
Qu’est ce que la foi peut apporter au sport?
La réponse se trouve dans la Constitution pastorale du Concile Vatican II Gaudium et Spes qui revient notamment sur les rapports entre l’Eglise et le monde: ce que l’Eglise reçoit du monde et ce qu’elle peut lui apporter. Plus spécifiquement, je crois que le sport a besoin d’un surplus de ›vitamines’ morales. Plus que des valeurs, des vertus, c’est-à-dire la force pour vivre selon ces valeurs sur lesquelles tout le monde s’accorde. Autour du sport, on voit souvent de la violence, du racisme, de la corruption… qui enlaidissent le visage du sport. L’Eglise et la foi peuvent ainsi apporter des ressources morales. Pour aider le sport à rester fidèle à sa vraie nature.
Qu’est ce que le sport peut apporter à la foi?
Pour citer le poète latin Térence, repris par Paul VI dans une de ses audiences: humani nihil a me alienum, rien de ce qui est humain ne m’est étranger. Les valeurs éducatives du sport ne sont pas étrangères à la vie chrétienne. Ces valeurs de la discipline, de dépassement, d’esprit de corps, d’humilité, d’amitié… Beaucoup de ces principes peuvent s’intégrer dans le processus de croissance dans la foi. Les grands saints éducateurs ont mis le jeu au service de la catéchèse. La transmission de la foi n’est pas seulement transmission de contenus mais aussi croissance dans la vie et la foi. Don Bosco faisait jouer les jeunes, au sport mais aussi au théâtre ou avec des instruments de musique.
Vous représentiez le Saint-Siège en Corée du Sud pour la réunion du Comité international olympique (CIO) et pour l’ouverture des Jeux olympiques de Pyeongchang. Qu’est-ce que votre présence signifiait pour le Vatican?
C’était la première fois que le Saint-Siège était invité officiellement aux Jeux olympiques, même s’il y a déjà eu des délégations auparavant. C’est un premier pas entre le Vatican et le CIO, qui est un peu les ›Nations unies du sport’. Autour des Jeux olympiques, le monde se retrouve. Nous avons pu voir cette année la puissance de la diplomatie olympique avec la délégation mixte entre les deux Corées, réunies derrière le même drapeau de la Corée unie. C’est la preuve que la puissance du sport peut être utilisée pour la paix. Le rapprochement entre le Saint-Siège et le CIO est donc une excellente nouvelle, et il faut travailler pour développer cette relation.
Toutefois, je ne crois pas qu’il faille attendre une délégation du Vatican pour participer aux prochains Jeux olympiques! Ce n’est pas sa mission. Le Saint-Siège doit participer avec la voix de la morale, comme observateur. Cela permet de participer à la vie, de discuter, d’exposer des arguments qui portent. La création d’une équipe du Vatican n’aurait pas de sens, sauf peut-être pour des raisons symboliques.
Quel est votre pronostic pour la Clericus Cup qui s’ouvre le 24 février?
Il y a un déséquilibre entre les séminaristes et les prêtres. Les premiers sont dans la splendeur de la force des énergies tandis que les autres ont déjà quelques années et ont parfois du mal à tenir le rythme d’un match. Les vainqueurs seront probablement des séminaristes. Les équipes de l’Université pontificale urbanienne, de l’Université pontificale grégorienne et du Collège pontificale Mater Ecclesiae sont – selon moi – les plus fortes. (cath.ch/imedia/xln/gr)