«Christ est vivant»: une célébration œcuménique l'a rappelé à Genève
Près de 1000 personnes ont participé à une célébration œcuménique de Pâques sur le thème ›Christ est vivant’, le 19 avril 2025, jour du Samedi saint, à la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Animé par des jeunes et des représentants de communautés chrétiennes, le rassemblement a souligné le visage multiculturel du peuple de Dieu. Un appel à témoigner à la suite de Marie de Magdalla a été lancé.
«Par un heureux hasard du calendrier les dates de cette fête correspondent cette année entre Églises d’Occident et d’Orient», a souligné Chantal Eberle, présidente de l’Église protestante de Genève, en guise de bienvenue. Ce week-end pascal, en effet, a été particulièrement béni: les calendriers grégorien et julien ayant exceptionnellement accordé leurs violons, catholiques, réformés et orthodoxes ont pu célébrer la résurrection du Christ le même jour.
Un beau signe de la Providence. Les chrétiens ne célèbrent-ils pas cette année le 1700e anniversaire du Concile de Nicée, lors duquel le Credo, symbole de foi des chrétiens, a été proclamé et qui a défini le mode de fixation de la date de Pâques? Les communautés chrétiennes de Suisse ne s’y sont pas trompées. Plusieurs célébrations œcuméniques de Pâques ont été organisées dans le pays.
À Genève, où la vie des Églises est marquée par le caractère internationale de la ville et par la présence du Conseil œcuménique des Églises, une célébration interconfessionnelle en deux langues, français et anglais, a eu lieu Samedi saint.
Une histoire difficile à croire
Préparée depuis septembre 2024 par une équipe interconfessionnelle et intergénérationnelle, et diffusée en direct sur la chaîne de télévision locale Léman Bleu, la célébration s’est déroulée dans une orchestration parfaite. Son fil conducteur? L’évangile du dimanche de Pâques – soit le récit rapporté par l’évangéliste Jean (20,1-9) de Marie de Magdala (ou Marie Madeleine) découvrant le tombeau vide de Jésus – revu et agrémenté de multiples détails pour l’occasion par Sebastien Heiniger de l’association Noor Global.
Entrecoupée de chants et de hymnes, d’interludes de harpe et de flûte, l’histoire de Marie, «discipline du rabbin» depuis plus de deux ans, a été contée avec naturel par Fernand Salzmann, assistant-doctorant en Ancien Testament à l’Université de Genève, puis commentée par un trio de jeunes censés la découvrir pour la première fois.
Dans des petites scénettes, Amélie, Loïc et Maïlys conversent en mode «café du commerce». Ils disent leur incrédulité, leur incompréhension devant cette histoire «bizarre», «folklorique», dont ils soulignent certaines incohérences, tout en laissant entrevoir par moment une certaine attirance face au mystère qu’elle véhicule.
Commentant, par exemple, les versets 6 et 7 – «Simon-Pierre (…) aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place» – Amélie fait remarquer: «Non seulement ils ont l’air d’avoir perdu le corps, mais en plus, tout a été bien rangé dans le tombeau. Franchement, ce n’est pas la première chose qu’on fait quand un corps a disparu.» Et de s’étonner que l’on parle encore de cette histoire 2000 ans plus tard! «Il y a des choses qu’on peut voir au-delà de ce que nos yeux peuvent voir», finissent-ils par avancer.
Pâques dépend de nous
Ces questionnements des jeunes d’aujourd’hui sont les mêmes de ceux d’hier et d’avant-hier, ont fait remarquer pour leur part les représentants des différentes communautés religieuses, le temps de quelques prières ou messages.* «Croire en Jésus-Christ et en sa Résurrection est un cheminement qui ne s’arrête jamais, et ce qui a germé dans le cœur d’hommes et de femmes il y a 2000 ans rejoint nos propres questionnements et nos propres élans de foi», a fait remarquer Chantal Eberle.
Le Ressuscité s’est révélé à des témoins juste après sa mort, et il le fait encore chaque jour pour nous. Une des particularités de la fête de Pâques est qu’elle nous enjoint à notre tour à nous faire missionnaire, ont souligné les orateurs. «Cette fête est toute entière dépendante de celles et de ceux qui font, d’une certaine manière, l’expérience de ce relèvement», a ainsi rappelé durant sa prédication le pasteur Alexandre Winter. «La Résurrection est toujours à ressusciter, a-t-il lancé encore, (…) à l’image de ces jeunes qui se questionnent, qui sont à la fois à l’écoute des récits fondateurs et de leur être intérieur. C’est là qu’a lieu la Résurrection.»
Le jardin de la Résurrection

Un relèvement qui ne se fait pas toujours en ligne droite, a souligné pour sa part le Père copte orthodoxe Mina Hanna. «C’est dans le doute sincère que naît souvent la quête authentique», mais encore faut-il savoir ce que nous cherchons, et surtout qui nous cherchons, relève-t-il, en écho à la question adressée par Jésus à Marie de Magdala : «Qui cherches-tu?» «Parfois, nous faisons pareil: nous cherchons un homme, pas le Fils de Dieu. Nous cherchons un Jésus selon notre logique, mais pas le Ressuscité. Ce n’est que lorsqu’il l’a appelée par son nom: ›Marie’, qu’elle s’est retournée et a reconnu son Maître.»
Quand Dieu appelle quelqu’un par son nom, «il y a quelque chose qui relève de l’identité profonde», a poursuivit Fadzi Whande, de la Hillsong Church. «Aujourd’hui, l’identité est souvent définie par la performance, l’apparence ou la douleur. Le monde nous désigne par nos erreurs, nos rôles ou notre passé. Mais lorsque Jésus appelle Marie par son nom, dans le jardin de la Résurrection, il restaure son identité non pas en tant que femme brisée, mais en tant que fille bien-aimée, vue et connue de Dieu.»
Et pourtant, tu es là
D’autres jeunes se lèvent pour témoigner à leur tour au pupitre de la difficulté de se laisser transformer par le Christ, de « s’ouvrir à un Amour qui dépasse les carcans». «Marie, ça pourrait être moi, lance Marta, car comme elle j’ai soif de te voir, Seigneur, chaque jour, surtout quand la mort prend mille visages dans ma vie. Je ne te reconnais pas quand l’horizon s’assombrit, quand je me perds dans les peurs, mes études, mes doutes. Je ne te vois pas dans les autres… et pourtant tu es là.» (cath.ch/lb)
Les organisateurs et les orateurs
Cette célébration œcuménique du Samedi saint 2025 est la 10e du genre organisée depuis la covid sous l’impulsion de Noor, une association spécialisée dans l’évènementiel, qui a pour but de valoriser l’héritage spirituel de Genève et de renforcer le dialogue interconfessionnel.
La célébration a été organisée par le Rassemblement des Églises et Communautés Chrétiennes de Genève (RECG), le Réseau évangélique de Genève (REG) et les Églises internationales du canton. Depuis 1954, la RECG travaille à la réalisation d’un œcuménisme local à Genève, avec des délégués mandatés par une grande partie des Églises de Genève, dont l’Église catholique romaine.
Se sont succédé au pupitre, Georgette Gribi, théologienne protestante, le pasteur Alexandre Winter, modérateur de la Compagnie des pasteurs, des diacres et des chargé.e.s de ministère de l’Église protestante de Genève, Fadzi Whande et le pasteur Daniel Darcey de la Hillsong Church, le Père Mina Hanna de l’Église copte orthodoxe, Sam Fiore, pasteur de l’Église baptiste de Genève, le Père Alexis Helg, de la paroisse Saint-François de Sales de Genève et frère de laCommunauté Saint-Jean, et enfin Anne Reitsema, directrice de MedAir. Cette ONG chrétienne basée en Suisse et active dans plusieurs pays, notamment le Soudan du Sud, était la bénéficiaire de la quête organisée en fin de célébration. LB
