Chine: sinisation des religions par la censure littéraire
Le Parti communiste chinois continue à défendre la sinisation des religions, afin de correspondre aux directives lancées par le président Xi Jinping en 2015. Selon ces directives, pour pouvoir exister dans le pays, les religions doivent s’adapter à la culture chinoise et se soumettre au Parti. Cela passe par la censure des mots à connotation religieuse, et chrétienne en particulier.
Une tendance qui conduit à certaines censures dans l’éducation, rapporte l’agence d’information Eglises d’Asie, comme l’attestent certaines modifications de textes classiques contenus dans un manuel scolaire paru début 2019. Dans une tentative de dissuader l’adhésion aux religions (et en particulier au christianisme), et de renforcer la sinisation des religions dans le pays, certains termes ont même été censurés dans les romans d’auteurs étrangers. Des mots comme «Dieu», «Bible» ou «Christ» ont ainsi été retirés d’extraits de Hans Christian Andersen, Daniel Defoe, Anton Chekhov, Tolstoï ou Victor Hugo, supprimant toute référence religieuse.
Romans étrangers censurés
Début 2019, les éditeurs de l’Education Populaire, liés au gouvernement, ont publié un manuel scolaire pour les élèves de CM2, contenant quatre extraits d’auteurs étrangers et d’autres textes issus d’auteurs classiques chinois. Selon le ministère chinois de l’Education, le manuel est destiné à permettre aux élèves de comprendre d’autres cultures. Les extraits en question ont été modifiés afin de correspondre à la volonté du Parti communiste chinois de réprimer toute référence religieuse. Ainsi, dans l’histoire de La petite fille aux allumettes, de Hans Christian Andersen, la grand-mère défunte de l’enfant lui apparaît dans une vision pour lui dire: «Quand on voit filer une étoile, c’est une âme qui monte vers Dieu». Dans la version chinoise, la grand-mère dit à l’enfant: «Quand on voit filer une étoile, c’est qu’une personne quitte ce monde».
Un extrait de Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, a également été censuré. Naufragé sur une île déserte, le protagoniste parvient à trouver trois copies de la Bible parmi les restes du navire. La nouvelle version modifiée élimine le mot «Bible» et raconte que Crusoé a retrouvé «quelques livres».
Classiques littéraires confisqués
Ce type de censure s’est répandue dans l’éducation chinoise à plusieurs niveaux, y compris à l’université où certains enseignants condamnent et confisquent les classiques contenant des mots religieux. Cela concerne des œuvres comme Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre Dumas, Résurrection de Léon Tolstoï, Notre-Dame de Paris de Victor Hugo… Toutes ces censures répondent aux directives lancées par le président Xi Jinping en 2015, selon lesquelles les religions, afin de pouvoir exister en Chine, doivent s’assimiler à la culture chinoise et se soumettre au Parti communiste.
Leur sinisation consiste donc à exalter le patriotisme national contre les religions «étrangères» comme le christianisme. Selon les observateurs, cette campagne contre le christianisme est due aux craintes que la Chine devienne «le plus grand pays chrétien au monde» d’ici 2030, comme l’ont prédit certains sociologues. Selon les critiques, la sinisation sert également de boucliers contre la démocratie, les droits de l’homme, et l’État de droit. (cath.ch/eda/bh)