Chine: les fidèles doivent s’enregistrer pour participer à la messe
Le gouvernement de la province du Henan, au centre-est de la Chine, impose aux croyants des cinq religions reconnues (bouddhisme, taoïsme, islam, catholicisme et protestantisme) de s’enregistrer en ligne pour participer à une célébration religieuse. La mesure renforce encore un contrôle de l’activité religieuse déjà étroit dans le pays.
Le gouvernement du Henan a publié une circulaire demandant aux croyants de toutes les religions de s’enregistrer en ligne pour pouvoir assister aux célébrations dans les lieux de culte. L’information, qui provient de l’organisation de défense des chrétiens ChinaAid, basée aux Etats-Unis, a été relayée le 9 mars 2023 par l’agence d’information catholique Eglises d’Asie (EdA).
Selon ces données, les fidèles de toutes confessions doivent passer par une application appelée «Smart Religion» afin de sélectionner le lieu désiré. Ensuite, avant toute réservation, ils doivent déclarer leurs informations personnelles, dont leur nom, leur numéro de téléphone, d’identité, leur lieu de résidence permanente, leur emploi, ainsi que leur date de naissance. L’application a été développée par la Commission des Affaires ethniques et religieuses de la province locale.
Chute de la pratique religieuse
Le Henan est la troisième province la plus peuplée de Chine et celle qui compte la population chrétienne la plus importante. On y compte près de 7 millions de chrétiens sur 98 millions d’habitants, selon les chiffres officiels. La majorité des chrétiens de la région sont protestants et appartiennent à différentes «Églises domestiques» basées dans les zones rurales. Certains craignent que les personnes âgées ne sachant pas utiliser une application mobile pour s’enregistrer puissent se retrouver isolées.
Selon ChinaAid, face à cette demande des autorités, la participation aux célébrations dans les églises a chuté. Deux chrétiens anonymes ont confié au China Christian Daily que durant les messes dominicales, dans une église de la ville de Zhengzhou, on leur a demandé de ne pas prendre de photos ou de vidéos, ou encore de publier des commentaires sur internet sur la célébration.
Contrôler la religion
Les médias locaux indiquent que «Smart Religion» a été lancée pour la première fois en août dernier. Depuis, elle a été déployée dans toute la province du Henan. L’idée proviendrait de l’Administration d’État pour les affaires religieuses. Les organisations de défense des droits de l’homme estiment que de telles mesures sont destinées à mieux contrôler les religions et les affaires religieuses, alors que le gouvernement communiste cherche à imposer les idéologies et objectifs politiques du Parti aux fidèles.
Bien que la Chine soit officiellement un État athée, elle reconnaît la présence légale de cinq religions organisées: le bouddhisme, le taoïsme, l’islam, le catholicisme et le protestantisme. Le gouvernement dirige plusieurs organes chargés de réguler les affaires des religions organisées légales. Toutes les entités religieuses et tous les membres du clergé doivent s’enregistrer auprès du gouvernement et suivre des consignes strictes à moins de subir des poursuites pénales. Selon le groupe international chrétien Portes Ouvertes, la Chine est classée 16e sur une liste de 50 pays où les chrétiens sont les plus persécutés. (cath.ch/eda/ucanews/rz)