Les internautes chinois sont strictement surveillés (Photo d'illustration: Jon Rawlinson/Flickr/CC BY 2.0)
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Chine: Comment le pouvoir censure l'Eglise sur internet

Sur l’internet chinois, la censure exercée par le pouvoir sur l’Eglise catholique vise surtout à empêcher les paroisses, les diocèses ou les membres de l’Eglise de se coordonner en réseau, ainsi qu’à l’isoler des influences étrangères, affirme l’hebdomadaire diocésain Hongkong Sunday Examiner, traduit par Eglises d’Asie (EdA), l’agence d’information des Missions Etrangères de Paris.

Les autorités chinoises laissent un certain degré de liberté individuelle aux catholiques. Elles veillent néanmoins activement à ce que l’Eglise ne puisse s’organiser et s’exprimer en tant que corps social autonome.

L’article rappelle que le gouvernement exerce un contrôle étroit sur tous les internautes du pays, bloquant les moteurs de recherche internationaux, les sites web et les réseaux sociaux de partage d’informations. En Chine, on estime qu’environ 500’000 censeurs sont à l’affût de tout ce qui est considéré comme un flux d’informations dangereux.

Les critères décidant d’une censure sont cependant complexes et peuvent paraître paradoxaux. Une récente étude de l’Université de Harvard, aux Etats-Unis, conclut ainsi que le simple fait de critiquer le gouvernement n’est pas considéré en tant que tel comme une menace. Le pouvoir s’efforce par contre d’étouffer toute discussion en rapport avec des événements susceptibles de donner naissance à une action collective. Autrement dit, le principal objectif de la censure est de tuer dans l’œuf tout risque de voir émerger une force d’influence concurrente au pouvoir en place.

Au regard de cette situation, l’étude considère que les Chinois sont individuellement libres, mais collectivement contraints.

Le réseau «naturel» de l’Eglise dans le collimateur

En tant que communauté, les catholiques chinois n’ont jamais été très critiques envers le gouvernement, assure le Hongkong Sunday Examiner – si ce n’est envers son ingérence dans les affaires internes de l’Eglise –, et pourtant la censure exercée envers toutes les activités de l’Eglise a toujours été extrêmement stricte.

Sur internet et au-delà, l’Eglise catholique ne connaît pas de frontières et possède un réseau international «naturel». Cet aspect est particulièrement dans le collimateur de Pékin.

Cependant, tout en s’efforçant d’endiguer les liens entre l’Eglise de Chine et l’Eglise universelle, le gouvernement est sensible à l’image qu’il renvoie sur la scène internationale. Il montre ainsi ostensiblement son intérêt pour la question religieuse. Dans ce contexte, deux articles conséquents sur l’Eglise ont été récemment publiés dans le journal anglophone pro-gouvernement China Daily, en prévision de la tenue prochaine d’une réunion du Parti communiste sur le thème de la religion.

Quel que soit le résultat de la réunion tant attendue, et régulièrement reportée, sur la religion, les dirigeants chinois devraient probablement rester sur la ligne actuelle, continuant à tolérer la liberté religieuse sur un plan individuel tout en tenant l’Eglise «enchaînée», note le Hongkong Sunday Examiner. (cath.ch-apic/eda/rz)

Les internautes chinois sont strictement surveillés (Photo d'illustration: Jon Rawlinson/Flickr/CC BY 2.0)
16 février 2016 | 15:03
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
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