Chemin synodal de l'Eglise allemande: le cardinal Woelki «sceptique»
Le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque de Cologne, est sceptique quant au «chemin synodal» souhaité pour le renouveau de l’Eglise catholique en Allemagne. A propos du mouvement de réforme de l’Eglise, il voit le danger d’un «orgueil théologique» et se dit opposé à une voie solitaire, un «Alleingang», des catholiques allemands.
De retour d’un voyage aux Etats-Unis, il dit son étonnement de voir à quel point ses interlocuteurs suivaient de près la situation de l’Eglise en Europe et surtout en Allemagne.
Inquiétude face aux velléités allemandes
«Partout où je suis allé, déclare-t-il au journal de l’archidiocèse de Cologne, j’ai été frappé par l’inquiétude suscitée par les développements actuels en Allemagne». Dans ses nombreuses rencontres outre-Atlantique, il a pu sentir que la ‘voie synodale’ souhaitée pourrait conduire l’Eglise allemande sur un chemin particulier et que «dans le pire des cas, nous risquions de mettre en péril la communion même avec l’Eglise universelle pour devenir une Eglise nationale».
Mgr Rainer Maria Woelki exprime la crainte que cette démarche synodale, qui présente à ses yeux de grands dangers, puisse causer une division au sein de l’Eglise allemande.
«Personne ne peut vouloir cela, et nous devrions prendre cet avertissement très au sérieux. Beaucoup de mes interlocuteurs ont secoué la tête devant le fait que nous, en Allemagne, semblons prêts à changer volontairement la foi qui nous a été confiée parce que l’on exige cela de nous haut et fort».
Refus d’un «orgueil théologique»
Pour l’archevêque de Cologne, les réponses doivent être données à partir de la foi de l’Eglise universelle et non sous la forme d’un effort national mené en solo ou d’un «orgueil théologique». Et de souligner que «le pape nous a clairement demandé dans sa lettre [lettre au peuple de Dieu qui chemine en Allemagne du 29 juin 2019, ndlr] de préserver le ‘sensus ecclesiae’, le ‘sens de la foi de l’Eglise’, et de rester en union avec l’Eglise universelle et la foi de l’Eglise.
Dans sa lettre du 29 juin, le pape dit qu’il s’agit de «marcher ensemble et avec toute l’Eglise» sous la conduite de l’Esprit, même quand existent des désaccords, ce qui demande patience et humilité. Bien plus que la recherche des résultats immédiats mais «éphémères», relève à cette occasion le pontife, ce chemin pourra permettre une «saine mise à jour».
Bien plus qu’un changement structurel
Pour le pape François, la communauté catholique d’Allemagne a besoin de bien plus qu’un changement structurel, car l’avenir ne viendra pas de réformes «purement structurelles, organiques ou bureaucratiques», ni d’une «tactique de repositionnement ecclésial», mais bien d’un chemin de «réponse» et de «conversion» à l’amour de Dieu. Il demande aux catholiques allemands la conversion, qui libère des «protagonismes faux et stériles», de la tentation de «l’autojustification et de l’auto-préservation». (cath.ch/kirchenzeitung/be)