La Chaux-de-Fonds: stimulante promenade interreligieuse
Dans le cadre de la Semaine des religions, une promenade interreligieuse a été organisée, le 11 novembre 2017, à La Chaux-de-Fonds. L’occasion de visiter quatre lieux de cultes différents: catholique-chrétien, bouddhiste zen, musulman et juif. Suivez le guide!
Manuela Hugonnet, catholique-romaine, accueille les «promeneurs» à l’église catholique-chrétienne. «Cette promenade interreligieuse est la troisième que nous organisons dans le cadre de la Semaine des religions, explique-t-elle. Ici, à l’église catholique-chrétienne, il y a des grandes similitudes avec les catholiques. La grande différence est que les prêtres peuvent se marier et que l’ordination des femmes est autorisée».
Une quinzaine de personnes ont pris place dans la vieille église superbement rénovée. Manuela détaille les éléments du lieu, le baptistère, l’ambon, l’autel, le tabernacle. Elle s’attarde sur les vêtements liturgiques, avec les couleurs de l’année. Le public, d’âges et de religions différentes, réagit, demande.
Deshimaru, moine japonais
Sous la pluie, le groupe s’ébranle vers le centre Soto Zen. Dix minutes de marche et une petite entrée, proche du ‘Pod’, l’avenue Léopold-Robert. On se déchausse avant d’accéder à la salle de méditation à l’étage. Doko, nonne au costume noir, fait l’accueil avec Joël, moine également sous le nom de Ko-Zen. Tous deux ont le crâne rasé, symbole de dépouillement. «Vous êtes au Centre Soto, la tradition japonaise du bouddhisme. Nous nous rattachons à la tradition du Mahayana ou Grand Véhicule, indique-t-elle.»
La salle est sobre, avec des structures en bois et tissus, sur lesquels prennent place chaque matin à 6 heures, les membres de la communauté. Ils méditent face au mur, en position de lotus, jambes croisées et paumes des mains ouvertes.
Doko évoque les trésors du bouddhisme, les trois poisons de la vie (»l’avidité, la colère et l’ignorance») ainsi que les racines de ce centre fondé par Simone Wolf. Cette dernière a suivi les enseignements du moine japonais Deshimaru, guide lumineux de ces pratiques enseignées en France dès la fin des années 1960.
Au centre de la pièce, un bâtonnet d’encens allumé sur l’autel orné d’une statue de Bouddha diffuse une fine odeur. Sérénité et douceur… Doko évoque la tradition Soto, la calligraphie, l’art des fleurs Ikebana et la cérémonie du thé. Le thé ce sera pour plus tard. La montre tourne trop vite…
Les postures du corps
Direction le Centre culturel musulman de La Chaux-de-Fonds. On se déchausse à nouveau dans un couloir qui conduit à la salle de prière. Quelques hommes et des adolescents sont présents: la prière vient de se terminer. Le secrétaire général de la mosquée, Mohamed Ahmed, fait l’accueil dans une pièce attenante garnie de tapis: «Nous sommes là depuis 15 ans, dans cet ancien atelier de polissage. La communauté compte 3000 membres, mais pour la grande prière du vendredi, nous sommes 300…». Il évoque les principes de la foi musulmane (foi en Dieu, dans ses prophètes, dans les anges, dans le destin, dans le Jugement final, puis les traditionnels cinq piliers de l’islam.
La majorité des fidèles est suisse, dit-il, avec 14 nationalités représentées. Le guide détaille les postures du corps du musulman qui prie, debout, incliné et à genoux. Dans ce centre, la prédication est faite en arabe, puis en français. «Un bon imam doit toujours être au courant des événements. Car il peut prêcher sur la vie de la famille, sur l’éducation en donnant des conseils tirés du Coran.»
Ambiance paisible dans ce lieu manifestement étroit. Difficile d’imaginer tous les croyants ici. Le président du Centre vient expliquer que certains jours, ils se déplacent vers une salle plus grande.
Synagogue de toute beauté
Dernière étape de la Promenade, la synagogue. Michel et Bertrand, de la communauté juive de La Chaux-de-Fonds, reçoivent le groupe. Le bâtiment, 120 ans, est de toute beauté: haute voûte et coupole, décors soignés, citations bibliques sur les murs, bancs de prière numérotés munis de tiroirs, lumières… La synagogue est placée sous la responsabilité du canton et de la Confédération.
«Notre noyau de membres est devenu petit, explique Michel, mais nous nous sentons responsables de tout ce patrimoine. Nous prions tournés vers l’est, vers Jérusalem…» Le guide parle de la séparation hommes-femmes pour la prière, du rôle des lumières, reflets de la joie mais aussi invitation au souvenir et à la réflexion, de la place du calendrier juif. Il relève la présence de Dieu, évoquée par le lumignon allumé en permanence.
Enracinement du dialogue
Dans le public, une Zurichoise: Katja Joho est responsable des projets de la Semaine des religions au niveau suisse pour IRAS-COTIS. Elle se dit satisfaite de son périple neuchâtelois. «Les expériences varient d’un canton à l’autre, dit-elle. L’idée reste de se découvrir». Mission réussie pour le Groupe cantonal de réflexion et de dialogue interreligieux.
Une approche des autres religions prolongée, ce 12 novembre 2017, par une après-midi de témoignages à la chapelle de l’Hôpital Pourtalès. Le Groupe y a installé son ‘nid’ depuis dix ans, indique Manuela, déléguée de l’Eglise catholique romaine, comme pour signifier l’enracinement profond du dialogue entre les religions. «Pour mieux se connaître et mieux s’apprécier», avait dit Michel dans la vieille synagogue de La Chaux-de-Fonds. (cath.ch/bl)