Les participants à "L'Economie de François" l'ont fait par écran interposé (photo d'illustration/Unsplash)
International

Ces jeunes Français investis dans «L'Economie de François»

Du 19 au 21 novembre 2020, quelque 2’000 jeunes du monde entier participeront à «L’Economie de François» (The Economy of Francesco), un événement lancé par le pape François pour renouveler l’économie à la lumière de l’esprit du Poverello d’Assise. Parmi eux, des Français se sont mobilisés pour répondre à l’appel de l’Église à s’engager pour une économie plus juste, plus durable et plus inclusive.

C’est finalement derrière leurs écrans que les participants à «L’Economie de François» suivront l’événement mondial qui devait se tenir initialement à Assise au printemps 2020. Une réelle difficulté pour des jeunes engagés depuis des mois dans ce grand «brainstorming» pour une écologie intégrale. Durant trois jours, tables rondes et interventions d’experts se succéderont sur la toile.

«L’événement aurait évidemment eu une toute autre saveur si nous avions pu être réunis physiquement», confie Sophie Thiery, une mère de famille qui s’est démultipliée pour que l’invitation du pape en mai 2019 trouve un écho en France. À l’automne 2019, cette membre des Focolari, mouvement chrétien habité par le souci de coopérer à la construction d’un monde plus uni et plus juste, a sollicité diocèses, écoles, mouvements caritatifs et mouvements franciscains pour faire entendre l’appel du pontife et susciter l’adhésion de jeunes.

Pas tous des «piliers de sacristie»

Petit à petit, avec la collaboration du Père Vincent Breynaert, responsable de la pastorale des jeunes et de la pastorale des vocations à la Conférence des évêques de France (CEF), une cinquantaine d’étudiants ou jeunes professionnels ont répondu présent. «Ces jeunes ont un niveau d’études supérieur ou bien des responsabilités assez élevées», note le Père Breynaert. Chercheurs, cadres dans l’agro-alimentaire, normaliens ou entrepreneurs, ces «changemakers» ne sont pas tous des «piliers de sacristie», précise le prêtre. «Mais ils ont tous en commun d’être attentifs à la fibre économique et écologique du pape François, de se sentir pris au sérieux par le pape et de vouloir s’investir avec l’Église pour une économie qui inclut», poursuit-il.

«Quitter un rythme de fou pour revenir à l’essentiel»

Parmi ces jeunes se trouve Clément Puech, 34 ans. Sa participation à l’événement ne tient pas au hasard. Il y a quelque temps, le jeune homme qui travaillait dans le domaine des réseaux électriques à Saint-Etienne décide de changer de vie. «L’Economie de François a été annoncé par le pape à un moment où je vivais une prise de conscience aiguë que le monde dans lequel nous vivions ne tournait pas rond», confie-t-il.

Cette «conversion», il la doit en partie à la découverte de la pensée du Père Gaël Giraux, jésuite économiste qui a travaillé la question de la transition écologique. «La lecture attentive de Laudato si’ m’a aussi accompagné dans cette prise de conscience», poursuit-il. Par cohérence de vie et après avoir rencontré une Bretonne, il a décidé de quitter son travail et sa ville pour rejoindre les environs de Lannion, en Bretagne. Là, il travaille sur un projet d’achat d’une exploitation pour se lancer dans la permaculture.

«On retrouve parmi les jeunes que nous accompagnons des personnes qui veulent quitter un rythme de fou pour revenir à l’essentiel», commente Sophie Thiery. Elle même a vécu cette «conversion» en découvrant avec son mari «l’économie de communion». Lancée au début des années 1990 par les Focolari, ce courant inspiré de la doctrine sociale de l’Église vise, par le don notamment, à remettre l’homme au centre du système et l’argent à sa juste place.

«Un grand projet de vie inspiré par Laudato si’»

Dans le groupe des Français inscrits à l’événement, on retrouve par exemple un jeune couple qui a décidé de quitter Lyon pour reprendre une maison de retraite à Marseille avec un projet ambitieux d’agro-écologie. «Un grand projet de vie inspiré par Laudato si’», raconte Sophie Thiery. Elle égraine quelques-uns des autres profils, comme cette jeune femme qui se lance dans une «école de production» dans le domaine agricole, avec l’objectif que des jeunes en décrochage scolaire puissent remettre le pied à l’étrier par une activité concrète et saine .

D’autres francophones ont profité de «L’Economie de François» pour s’investir totalement dans des projets innovants; c’est le cas de Danielle Monsef Abboud, Libanaise, qui a travaillé avec neuf autres jeunes de nationalités différentes à la création d’un label mondial visant à réduire les écarts de rémunération entre hommes et femmes.

«Le pape François continue de nous pousser à changer le monde»

Clément Puech doit animer une table ronde en français, jeudi 19 novembre à 16h30 sur le thème: «Expériences dans les communautés en transition sociale et écologique». Autour de la table – virtuelle –, sept jeunes participants échangeront sur leurs expériences. Cécile Renouard, assomptionniste et présidente du Campus de la Transition – lieu de recherche, d’enseignement et d’expérimentation lancé en 2018 pour promouvoir une transition écologique, économique et humaniste – interviendra en tant qu’experte.

Certes, la crise sanitaire empêchant la rencontre physique de ces centaines de «changemakers» ne facilite pas la pleine réussite de cet événement inédit et ambitieux. «Mais c’est beau de voir le pape François continuer de nous pousser à changer le monde. Et je crois que cet événement peut y contribuer, humblement, avec la Providence», espère Clément Puech. (cath.ch/imedia/hl/rz)

Les participants à «L'Economie de François» l'ont fait par écran interposé (photo d'illustration/Unsplash)
19 novembre 2020 | 10:29
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
Partagez!