Ces croyants «qui se marient via Internet»
Les sites de rencontres chrétiens attirent de plus en plus d’abonnés
Paris, 20 juillet 2009 (Apic) Apparus sur la toile il y a trois ans, les sites de rencontre chrétiens attirent de plus en plus d’abonnés. Créé en 2006 le site de rencontre Theotokos en est un parmi d’autres. Sauf que celui-ci propose également des pages sur la vie de l’Eglise, des dossiers sur le célibat, le couple, la vie de famille, et un espace prière, indique «La Croix», qui consacre un dossier sur le sujet.
Selon «La Croix», nombreux sont les célibataires à rechercher l’âme sœur sur des sites qui affichent leur spécificité confessionnelle. Theotokos, Iktoos, Sanctus Raphael… En marge des généralistes, une dizaine a vu le jour depuis trois ans.
Loin d’être la solution de la dernière chance, ces sites bénéficient d’une image plus moderne que les agences matrimoniales et le public y est en moyenne plus jeune. Si la plupart sont des célibataires chrétiens de la tranche 25-45 ans, ayant poursuivi des études supérieures, les profils sont variés.
Du catholique très investi en paroisse, espérant, comme Béatrice, 37 ans, rencontrer quelqu’un avec qui «vivre sous le regard et l’aide de Dieu», à l’isolé qui confesse avoir du mal à côtoyer de nouvelles têtes, comme Jean-Jacques, menuisier dans la Sarthe, ou Bruno, Italien de 32 ans qui s’en «remet à Dieu» via Internet pour trouver celle qui acceptera de vivre avec lui.
Plus étonnant, relève Céline Hoyeau, qui signe ce dossier, ces sites recrutent une bonne part de non-chrétiens – un sur cinq chez Theotokos. Croyants ou non, un même leitmotiv revient : la recherche de valeurs communes, pour une relation «sérieuse, vraiment sérieuse».
Ainsi Jean-Philippe, «BCBG», «catholique non pratiquant» de Châtenay-Malabry, dit chercher «une femme qui fait tourner la maisonnée par amour de sa famille, et qui entoure ses enfants et son homme d’attentions».
«C’est le retour aux valeurs qui fait notre succès, se félicite Olivier Orna, cofondateur de Theotokos. Les gens savent qu’ils trouveront une plus grande profondeur». Les sites de rencontres chrétiens jouent d’ailleurs tous la carte du sérieux. «Aucune mauvaise surprise, assure la plate-forme «Osée-enligne».
Au-delà des seules valeurs, la dimension spirituelle est primordiale pour nombre d’utilisateurs. Sanctus Raphael n’hésite pas, d’ailleurs, à proposer d’indiquer sa sensibilité : «charismatique, traditionnelle, génération Jean-Paul II, proche des jésuites, ou de la FSSPX ou des Béatitudes»… A la carte. «Mariage chrétien», lancé par un couple d’évangéliques alsaciens, va jusqu’à demander d’entrée de jeu aux non-chrétiens de s’abstenir et aux abonnés de professer à l’inscription le credo en page d’accueil.
Une mise en garde est cependant adressée: attention au communautarisme, avertit le sociologue Gérard Mermet, qui constate un phénomène d’endogamie sur le Net. «La mixité sociale dont on peut rêver est très difficile à mettre en pratique. Et on a davantage besoin de repères dans sa vie personnelle et sentimentale dans la mesure où on ne les trouve pas dans la société». (apic/cx/ch/pr)