Rome: Benoît XVI encourage la présence d’observateurs indépendants en Syrie

Cérémonie des vœux devant 115 ambassadeurs au Vatican

Rome, 9 janvier 2012 (Apic) Benoît XVI a encouragé la présence d’observateurs indépendants en Syrie, devant quelque 115 ambassadeurs accrédités auprès du Saint-Siège, le 9 janvier 2012. Lors de la traditionnelle cérémonie des vœux au Vatican, le pape a également dénoncé le terrorisme religieux en Afrique, en particulier au Nigeria.

Dans la Salle royale du Palais apostolique, Benoît XVI est revenu sur les évènements survenus en 2011 en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, évoquant le malaise des jeunes et faisant part de sa «grande préoccupation pour les populations des pays dans lesquels se poursuivent tensions et violences», en particulier la Syrie.

En Syrie, le pape a souhaité «une fin rapide des effusions de sang et le commencement d’un dialogue fructueux entre les acteurs politiques, favorisé par la présence d’observateurs indépendants». Ces propos interviennent alors que le rôle des observateurs de la Ligue arabe en Syrie – où la répression sanglante du régime a fait plus de 5’000 morts depuis mars – est actuellement controversé.

A propos du Printemps arabe, Benoît XVI a jugé que «l’optimisme initial» avait laissé la place à des «difficultés». Il demande que le respect de la personne soit au centre des institutions et des lois. Il met en garde contre «le risque que l’attention due aux demandes des citoyens et la nécessaire solidarité sociale se transforment en simples instruments pour garder ou conquérir le pouvoir».

A propos de la Terre sainte, le pape a souhaité que les responsables palestiniens et israéliens «adoptent des décisions courageuses et clairvoyantes en faveur de la paix», saluant la récente reprise du dialogue à l’initiative de la Jordanie. En Irak, il a déploré les attentats récents et encouragé les autorités du pays «à poursuivre avec fermeté sur le chemin d’une pleine réconciliation nationale».

Un nouvel engagement

Après avoir soutenu que le monde était sombre et obscur là où l’homme s’éloignait de son Dieu créateur, Benoît XVI a fait part du «profond malaise» traversé par la société, évoquant les développements graves et préoccupants de la crise économique et financière mondiale.

«La crise peut et doit être un aiguillon pour réfléchir sur l’existence humaine et sur l’importance de sa dimension éthique, avant même de le faire sur les mécanismes qui gouvernent la vie économique». Il ne s’agit pas seulement de chercher à endiguer les pertes individuelles ou celles des économies nationales, a-t-il précisé, mais de donner de nouvelles règles qui assurent à tous la possibilité de vivre dignement.

Politique et famille

Revenant sur son récent Message pour la Journée mondiale de la paix du 1er janvier, axé sur l’éducation des jeunes, Benoît XVI a réaffirmé le caractère primordial de la famille, «fondée sur le mariage d’un homme avec une femme». «Les politiques qui portent atteinte à la famille menacent la dignité humaine et l’avenir même de l’humanité», a affirmé le pape devant les diplomates avant de déplorer, en particulier en Occident, les mesures législatives «qui non seulement permettent, mais parfois même favorisent l’avortement pour des motifs de convenance ou des raisons médicales discutables».

Le pape s’est félicité de la récente sentence de la Cour de Justice de l’Union européenne qui interdit de breveter les processus relatifs aux cellules souches embryonnaires humaines, ainsi que de la résolution de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe qui condamne la sélection prénatale en fonction du sexe.

Liberté religieuse bafouée

Benoît XVI a consacré un long passage de son discours au «premier des droits de l’homme», à savoir le respect de la liberté religieuse. «Trop souvent le droit à la liberté religieuse est encore limité ou bafoué». Dans de nombreux pays, les chrétiens souffrent des attaques violentes contre leurs églises et leurs habitations, a relevé le pape en ajoutant que, dans d’autres parties du monde, «on trouve des politiques orientées à marginaliser le rôle de la religion dans la vie sociale, comme si elle était cause d’intolérance, plutôt que contribution appréciable dans l’éducation au respect de la dignité humaine, à la justice et à la paix».

«Le terrorisme motivé religieusement a fauché l’an passé de nombreuses victimes, surtout en Asie et en Afrique», a déploré le pape, évoquant «la recrudescence des violences qui touche le Nigeria, comme l’ont rappelé les attentats commis contre plusieurs églises durant le temps de Noël».

Dans ce panorama de la situation en Afrique, Benoît XVI a également évoqué les séquelles de la guerre civile en Côte d’Ivoire, l’instabilité persistante dans la région des Grands lacs et l’urgence humanitaire dans les pays de la Corne de l’Afrique. Il a demandé l’aide de la communauté internationale pour trouver une solution à la crise qui perdure depuis des années en Somalie.

Depuis le début de son pontificat, c’est la septième fois que Benoît XVI prononçait un tel discours, en français, devant le corps diplomatique. A ce jour, le Saint-Siège entretient des relations diplomatiques bilatérales avec 179 Etats. Le 27 juillet 2011, peu après la visite au Vatican du Premier ministre de Malaisie, le Saint-Siège et ce pays à majorité musulmane avaient officiellement établi des relations diplomatiques, installant pour l’un une nonciature à Kuala Lumpur et pour l’autre une ambassade auprès du Saint-Siège

A ces 179 Etats, il faut ajouter l’Ordre souverain militaire de Malte, ainsi que la Communauté européenne. Le Saint-Siège entretient aussi des relations ’de nature spéciale’ avec l’Autorité nationale palestinienne. Il participe en outre à de nombreuses organisations internationales, des organismes intergouvernementaux et des programmes internationaux. (apic/imedia/ami/amc)

9 janvier 2012 | 14:46
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 4  min.
Benoît XVI (484), Famille (147), Nigeria (235), Rome (346), Syrie (437), Vatican (545)
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