«Celui qui ne rêve pas s'endurcit», déclare le pape sur Netflix
Il «manque quelque chose à quelqu’un qui n’est pas capable de rêver», déclare le pape François dans des extraits d’entretien avec le prêtre jésuite Antonio Spadaro, publiés le 24 décembre 2021 par Il Fatto quotidiano. En avant-première d’une série Netflix consacrée à des témoignages de séniors, le pape médite sur la paternité et la «lutte» de la vie.
Cet entretien est tiré de la série Netflix «Stories of a generation» inspirée du livre du pape Partager la sagesse du temps (2018). Les quatre épisodes, construits autour du témoignage de personnes âgées et de réflexions du pontife, seront accessibles sur la plateforme de streaming à partir du 25 décembre 2021.
Le pontife y rend hommage notamment à l’amour du réalisateur Martin Scorsese pour son épouse : «Quand Scorsese est venu avec sa femme (en 2016, ndlr), elle était malade, et il était une grande star, mais il a dit : «C’est elle qui m’intéresse, elle est plus importante que tous mes succès […]». C’était une priorité […]. Cela montrait son amour. Cela mérite plus de récompenses que pour ses films, qui sont exceptionnels.»
Au fil de l’échange, l’évêque de Rome médite sur la paternité, qui ne consiste pas à engendrer un enfant : ce qui rend père, estime-t-il, «c’est ton engagement envers l’existence, les limites, la grandeur, le développement de cette personne à qui tu as donné la vie».
«Plus paresseux que combatif«
«Les personnes âgées qui sont des rêveuses peuvent vous emmener vers des horizons que vous ne pouvez pas imaginer», affirme le pape qui vient de fêter ses 85 ans. Lui-même se décrit comme «un rêveur» dans sa jeunesse, écrivant des poésies, puis les déchirant, insatisfait.
Le cœur d’une personne âgée qui ne rêve pas «s’endurcit», prévient le pontife, estimant qu’il «manque quelque chose à quelqu’un qui n’est pas capable de rêver». Il lui manque «les sourires et les étincelles dans les yeux».
«De nature, confie le pape au jésuite qui l’interroge, je suis plus paresseux que combatif. Si je peux éviter une lutte, je le fais». Punir une personne lui est «très difficile», confesse-t-il encore : «Je n’aime pas cela, mais il ne peut pas y avoir de vie sans lutte». Et de lancer : «Tu n’es jamais trop vieux pour lutter pour ce que tu portes en toi, et pour lequel tu as risqué ta vie, si tu as un coeur et une âme ouverts.»
Le pontife argentin évoque par ailleurs la danse du tango qui, selon lui, transmet «l’espérance en l’avenir». Et il se souvient de sa première expérience du monde du travail, quand son père l’envoya à 12 ans faire le ménage dans une usine de chaussettes. C’est là qu’il connut la «dignité» du travail, assure-t-il. (cath.ch/imedia/ak/mp)