Max Krois avec trois de ses douze petits-enfants | DR
Suisse

Ce prêtre a six enfants et douze petits-enfants

Max Kroiss (76 ans) a été ordonné prêtre en 2009, après la mort de sa femme. Ce père de six enfants et grand-père de douze petits enfants est le curé d’Urdorf (ZH) depuis neuf ans. Il connaît l’amour, le sexe et les problèmes éducatifs, pas seulement en théorie. Certains fidèles s’en étonnent.

Barbara Ludwig, kath.ch / traduction adaptation Maurice Page

L’affaire remonte à 2011, mais Max Kroiss est toujours contrarié. Cette année-là, le cardinal Joachim Meisner, archevêque de Cologne, ordonne prêtre un ancien théologien protestant converti au catholicisme, Harm Klueting. Détail piquant: Klueting est marié depuis 1977 et a deux enfants adultes.

Cette ordination a été possible grâce à une exception du droit canonique: dans certains cas, un homme marié peut être ordonné prêtre catholique. Notamment lorsque l’intéressé a été auparavant un ecclésiastique d’une autre confession.

Des choses illogiques dans l’Eglise

Le Bavarois Max Kroiss est un homme vif. Lorsqu’il apprend la nouvelle, il prend son stylo pour écrire à la femme du nouveau prêtre, Edeltraud. Sa femme à lui a dû mourir avant qu’il puisse devenir prêtre alors que Klueting a toujours son épouse à ses côtés. «Elle ne m’a pas répondu», explique-t-il à kath.ch.

«Ce professeur Klueting est un vir probatus (un homme ayant fait ses preuves ndlr). Pourquoi les viri probati ne sont-ils pas encore admis à l’ordination? On rencontre parfois des choses illogiques dans l’Église catholique!»

Un premier appel à l’âge de douze ans

À l’âge de douze ans, Max s’était demandé pour la première fois s’il devait devenir prêtre. Mais cela n’avait pas été plus loin: «Le désir n’était probablement pas assez fort. J’étais le seul garçon, l’héritier de la famille». Il était donc évident de fonder une famille. Ce que fait Max Kroiss. Il se marie et devient le père de six enfants. Il travaille comme homme d’affaires indépendant, sa femme dirige un cabinet médical.

A plus de cinquante ans, lui et sa femme décident d’étudier la philosophie et la théologie au collège jésuite de St. Georgen à Francfort-sur-le-Main. «Nous avons pensé que l’Eglise pourrait peut-être avoir besoin de nous.» La chose ne se fera pas en Allemagne, car à plus de 55 ans, ils étaient déjà trop vieux pour être engagés. Par contre, il y avait la possibilité de travailler comme agents pastoraux en Suisse.

Max Kroiss est aujourd’hui curé d’Urdorf (ZH) | © Barbara Ludwig

Agent pastoral à Urdorf depuis 2003

Max Kroiss est ainsi actif comme agent pastoral à Urdorf, près de Zurich, depuis 2003. Sa femme meurt d’un cancer en 2008. Il ressent alors à nouveau l’appel au sacerdoce et est ordonné prêtre un an plus tard par l’évêque de Coire de l’époque, Mgr Vitus Huonder. En 2011, il devient officiellement curé d’Urdorf.

«Pourriez-vous imaginer bien faire votre travail de prêtre et de curé, si votre femme était encore en vie ” Malgré l’indignation suscitée par certaines incohérences dans l’Eglise, Max Kroiss conserve un doute.

Prêcher au moment où sa femme est en train de mourir

Comme assistant pastoral marié avec une fonction de direction, il faisait en principe le travail d’un curé. Cela lui prenait beaucoup de temps et parfois aussi beaucoup de nerfs. Un jour reste gravé dans sa mémoire: «Lors d’un service dominical, j’ai dû prononcer l’homélie pour une émission en direct à la radio. Au même moment, je savais que ma femme était en train de mourir dans la maison d’à côté. Ce n’était pas facile. Avoir une femme et une famille comme pasteur était «presque impossible».

Pour lui, dans la discussion sur l’abolition du célibat obligatoire, il manque aussi une chose: «Il n’y a pas du tout de questions sur la femme. Il ne s’agit toujours que de l’homme. Mais la femme d’un prêtre est mariée à un homme qui n’a pas de temps pour elle et pour la famille».

Certains espèrent que les prêtres mariés pourront mieux connaître les situations de vie des gens et donc bénéficier d’avantages pour leur travail de pasteur. L’expérience du prêtre veuf ne le démontre pas forcément: Tous les fidèles ne souhaitent pas profiter d’une telle expérience de vie.

«L’histoire la plus drôle s’est déroulée dans cette salle. Au cours d’un entretien de préparation au mariage avec un Suisse et une Sud-Américaine», raconte le prêtre. Il a laissé entendre le fait que lui aussi a été marié et a une idée de la vie conjugale. La femme me cria: «Alors vous avez déjà vu une femme nue. Cela ne va pas!» Kroiss ne peut que secouer la tête. «C’est de la folie. Les gens crient quelque chose sans aucune réflexion approfondie sur le célibat». (cath.ch/kath.ch/bl/mp)

Max Kroiss baptise trois de ses petits-enfants | DR

Baptême de ses propres petits-enfants
Max Kroiss (76 ans) est veuf et prêtre catholique avec une grande famille. Ses six enfants ont aujourd’hui entre 51 et 34 ans. Et il a douze petits-enfants. Le prêtre d’Urdorf, dont la femme est décédée en 2008, en a baptisé lui-même six. «Mes enfants le voulaient», explique-t-il. L’un des petits-enfants a également pu recevoir sa première communion des mains de son grand-père.
Max Kroiss montre la photo de famille de la dernière grande réunion à l’occasion de son 75e anniversaire – au milieu, sa belle-mère âgée de 96 ans. «Elle est toujours en vie, super! Vous pouvez sentir sa joie et sa fierté. «C’est adorable quand tout le monde est à nouveau ensemble.» Il ne reçoit sa famille au complet que tous les cinq ans, mais il soigne le contact par téléphone et Whats’app. «Mes enfants et petits-enfants m’appellent pour me demander conseil, quel que soit leur âge. «Il y a là une base de confiance qui ne peut être trouvée qu’au sein de la famille.» (cath.ch/kath.ch/bal/mp)

Max Krois avec trois de ses douze petits-enfants | DR
10 novembre 2020 | 16:16
par Rédaction
Temps de lecture : env. 4  min.
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