Causes des saints: création d'un règlement pour les postulateurs
«Pour la première fois», un «Règlement des postulateurs» a été promulgué par la Congrégation pour les causes des saints, annonce Vatican News le 15 octobre 2021. Ce document a été signé le 11 octobre dernier par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la congrégation, après avoir été présenté et approuvé par le pape François.
Le postulateur est celui la figure qui, par mandat d’un «acteur» – celui qui décide de lancer la cause avec l’accord d’une autorité ecclésiastique compétente –, suit au plus près une cause de béatification. Cette nouvelle réglementation du statut de postulateur concerne son travail pendant la phase diocésaine comme pendant la phase romaine d’un procès canonique en béatification.
Jusqu’ici, il existait une multitude de documents séparés pour les différentes phases qui avaient été conçus par des fonctionnaires de la congrégation ou des postulateurs. Le but de ce nouveau document est «de rassembler dans un seul texte la pratique et le droit pontifical particulier sur les causes des saints», explique le cardinal Semeraro. Le document, fruit d’une coopération entre postulateurs et membres de la Curie, a été publié le 11 octobre, en hommage au début du Concile Vatican II.
Le Règlement (disponible pour l’heure uniquement en italien) comporte des notions générales qui définissent précisément la tâche du postulateur. Il intègre aussi les documents produits ces dernières années par la Congrégation. C’est le cas par exemple des normes de 2017 sur les reliques.
Plus de cardinaux ou d’évêques postulateurs
Mais le document comporte aussi de nouvelles règles. Désormais, un cardinal ou un évêque ne pourront plus être postulateurs – comme c’est le cas par exemple dans la procédure autorisant la béatification du pape Jean Paul Ier dont le postulateur est le cardinal Beniamino Stella. Il n’est aussi plus possible d’exercer au-delà de 80 ans.
Sont aussi désormais inéligibles les officiaux, consulteurs historiques, consulteurs historiques et experts médicaux travaillant pour la Congrégation pour les causes des saints.
Éviter les conflits d’intérêt
Cette mesure – déjà appliquée de façon officieuse par la congrégation depuis plusieurs années – doit permettre d’éviter toute suspicion de «conflits d’intérêts», souligne un membre de la congrégation.
De plus, un postulateur ad casum – qu’on distingue d’un postulateur général, en charge de la cause pour un ordre religieux – ne pourra plus se voir confier plus de trente causes actives. «On considère qu’à partir de trente causes, on ne peut pas s’occuper sérieusement de chaque cause», explique encore le prélat de la congrégation.
«Limiter le nombre limite aussi les risques», continue le membre de la congrégation. Selon lui, le texte permet plus de transparence et pourrait empêcher que les postulations deviennent l’occasion pour certains de se faire de l’argent.
Vérification des finances
D’ailleurs le Règlement explique que la Congrégation pourra désormais procéder à une vérification des finances des causes. Le but est donc bien d’en finir avec le «business” des saints. Et « qu’on peut être postulateur bénévolement », comme le rappelle le membre de la Curie.
Une volonté du pape François
Ce nouveau règlement apparaît dans la droite ligne du discours prononcé le 12 décembre 2019 par le pape François. Le pape avait à l’époque reçu les membres de la Congrégation pour les causes des saints à l’occasion des 50 ans de l’institution.
Dans son adresse, le pape avait particulièrement souligné le «caractère spirituel» de la tâche de postulateur et mis en garde contre les «intérêts économiques» qui pourraient détourner son travail. Il avait aussi expliqué que le travail de la Congrégation supposait avant tout d’éclaircir de «toute ambiguïté et de tout doute» les causes promues. (cath.ch/imedia/cd/bh)