Les catholiques français plus méfiants envers l'islam

Les Français catholiques pratiquants sont 45% à se dire méfiants vis-à-vis de l’islam, rapporte un sondage Ifop publié dans Le Monde le 13 août 2016. Ils étaient 33% un an plus tôt. La cause de ce durcissement s’explique, entre autres, par l’assassinat, le 26 juillet, du Père Jacques Hamel.

Selon ce sondage réalisé sur internet, du 27 au 29 juillet sur internet auprès d’un échantillon représentatif de 1012 personnes, l’approbation de l’affirmation suivant laquelle «l’islam représente une menace» est passée de 33% il y a un an, à 45% chez les catholiques pratiquants en juillet 2016.La proportion est stable parmi l’ensemble des Français, avec 33% en juillet contre 32% en janvier 2015.

En février 2015, après l’attaque contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher à Paris, 62% des Français et 64% des catholiques pratiquants pensaient qu’il ne fallait pas faire l’amalgame «entre les musulmans vivant paisiblement en France et les islamistes radicaux». Dix-huit mois plus tard, ils ne sont plus que 49% à partager cet avis. L’opinion a peu changé dans l’ensemble des Français, 63% refusant toujours l’amalgame.

Entre octobre 2012 et avril 2016, la proportion de la population estimant que l’islam devient trop influent et trop visible, est passée de 60% à 63%. 71% des catholiques pratiquants le pensent, contre 60% il y a quatre ans. Il en va de même en ce qui concerne le port du voile, auquel 63% des Français sont hostiles et 67% des catholiques, contre 54% d’entre eux quatre ans plus tôt.

Plusieurs explications

L’assassinat du Père Hamel par deux djihadistes et le choc qu’il a provoqué en France n’explique pas à lui seul changement d’opinion. Jérôme Fourquet de l’Ifop, estime que le choc provoqué par l’attaque du 26 juillet est une des causes de ce durcissement des catholiques français à l’égard de l’islam. Il pense que les pratiquants se sentent menacés par l’islam tout court et évoque «l’idée d’une concurrence, d’une asymétrie entre la religion catholique, historique, mais en déclin et un islam perçu comme en pleine dynamique».

Pour Sophie Gherardi, la fondatrice du Centre d’étude du fait religieux contemporain, l’arrivée en France de chrétiens d’Orient fuyant la guerre en Syrie, peut aussi expliquer ce sondage. «Ce sont des chrétiens chassés par les islamistes, que les communautés catholiques accueillent. On a donc là une espèce de vision de cette «Guerre de religion», si l’on peut dire, qui se déroule au Moyen-Orient», explique-t-elle.

Les catholiques pratiquants sont néanmoins de plus en plus ouverts sur la question des migrants. Dans un sondage daté d’avril 2016, 54% d’entre eux se déclarent favorables à l’accueil des migrants, contre 38% un mois plus tôt. (cath.ch-apic/ag/bh)