Carlo Vigano dit craindre pour sa vie
L’ancien nonce aux États-Unis, Carlo Maria Vigano, excommunié en juillet 2024, a affirmé dans une interview qu’il craignait pour sa vie. Il a également réitéré ses théories complotistes sur le Vatican et le pape François.
«Après la publication de mon mémoire sur l’affaire McCarrick, en août 2018, un de mes contacts des États-Unis m’a averti que ma vie était en danger», a assuré Carlo Vigano à la journaliste vaticane Franca Giansoldati dans un article du journal italien Il Messaggero paru le 21 août 2024.
L’archevêque Carlo Maria Vigano a été nonce aux États-Unis de 2011 à 2016. En 2018, il a publiquement accusé le pape François d’avoir couvert les abus commis par Theodore McCarrick. L’ancien cardinal et archevêque de Washington a été convaincu d’abus sexuels, notamment sur mineurs, et retiré de l’état clérical en 2019. En rapport à ses accusations, Carlo Vigano a appelé à la démission du pape. Les allégations ont été prouvées fausses par le Vatican dans une enquête publiée en 2020, qui a mis au contraire en exergue la responsabilité de Carlo Vigano lui-même dans la mauvaise gestion du cas. Malgré cela, l’ancien nonce a continué ses attaques contre le pontife argentin et le Vatican, dans des publications aux forts accents complotistes.
Excommunication
Il a été officiellement excommunié par le dicastère pour la Doctrine de la foi (DDF) en juillet 2024. La mesure a été justifiée par les déclarations publiques répétées de Carlo Vigano «manifestant son refus de reconnaître et de se soumettre au Souverain Pontife, son rejet de la communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis, ainsi que de la légitimité et de l’autorité magistérielle du Concile Vatican II».
Tout en considérant cette mesure comme «un honneur», l’ancien nonce l’a qualifiée également «d’invalide», du moment que l’autorité vaticane ne serait pas, selon lui, «légitime». «Ils voulaient en quelque sorte me condamner à mort, mais la vérité ne peut pas être tuée», a-t-il commenté.
«Je ne veux pas finir comme le cardinal Pell»
Mais Carlo Vigano estime également que l’on chercherait à l’éliminer physiquement. Il a expliqué à Il Messagero prendre garde à sa sécurité, en ne résidant notamment pas «dans un endroit fixe». «Je ne veux pas finir comme le cardinal Pell, ni comme mon prédécesseur à Washington, le nonce Pietro Sambi», a-t-il déclaré. Il faisait référence à l’archevêque Pietro Sambi, son prédécesseur à la nonciature aux États-Unis, décédé en 2011. Carlo Vigano insinue que Pietro Sambi aurait été assassiné pour avoir «vigoureusement affronté» Theodore McCarrick, alors que le Vatican voulait cacher la vérité sur l’ancien cardinal. «Sambi est mort dans des circonstances qui n’ont jamais été éclaircies, après une opération banale, affirme Carlo Vigano. Le certificat de décès délivré à la nonciature n’explique pas les causes de la mort de Sambi, sur lequel une autopsie n’a jamais été pratiquée.»
Le cardinal George Pell est mort en janvier 2023 également dans le cadre d’une opération chirurgicale, suite à des complications cardiaques. Son décès a éveillé des rumeurs, notamment du fait que l’opération était «de routine», certains alléguant que l’on aurait voulu le faire taire afin qu’il ne dévoile pas des scandales financiers au Vatican.
Élite mondialiste
D’une manière générale, l’ancien nonce a réitéré ses théories selon lesquelles une «élite mondialiste» tirait les ficelles des gouvernements mondiaux et également du Vatican. Le Concile Vatican II ayant été son principal instrument «pour révolutionner l’Église, en la protestantisant et en la sécularisant, afin de pouvoir l’orienter vers l’union syncrétique de toutes les religions». Pour Carlo Vigano, derrière tout cela se dissimule «le projet de la franc-maçonnerie: la religion de l’humanité œcuménique et inclusive».
L’archevêque excommunié a démenti les rumeurs selon lesquelles il aurait l’intention de créer une «Église parallèle» sur le modèle de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), séparée de Rome depuis 1988. Une communauté schismatique que Carlo Vigano cite souvent en exemple, mais qui s’est distanciée de l’ancien nonce.
Procès contre son frère
L’ancien nonce s’est aussi offusqué, dans Il Messagero, d’être décrit comme «un escroc et un voleur», suite au procès qui l’a opposé ces dernières années à son propre frère. Carlo Maria et Lorenzo Vigano se sont retrouvés au cœur d’une âpre procédure civile après le décès de leur père, le premier ayant été accusé par le second d’avoir mal géré leur héritage. Lorenzo a prétendu que Carlo, qui était chargé de gérer le patrimoine familial, n’avait pas réparti les biens de manière équitable, en ayant gardé une part importante pour lui.
En 2018, les tribunaux italiens ont statué en faveur de Lorenzo Vigano. Le tribunal a ordonné à Carlo Maria de verser une somme de l’ordre de 1,8 million d’euros à son frère à titre de dédommagement. (cath.ch/crux/ilmessagero/arch/rz)