Caritas fustige les stratégies de dissuasion des réfugiés
Lucerne, 02.09.2015 (cath.ch-apic) Caritas Suisse fustige les stratégies de dissuasion des réfugiés et de fermeture des frontières, en Suisse comme dans tous les pays européens. Pour l’œuvre d’entraide catholique, la Confédération doit mettre en place une politique migratoire qui réponde aux exigences d’un Etat de droit et soit digne de la tradition humanitaire.
En Europe et à ses frontières, on observe des faits inquiétants, et même scandaleux: des camps de réfugiés surpeuplés sont apparus, assure Caritas Suisse dans un communiqué du 1er septembre 2015. Les conditions d’hygiène et sanitaires y sont désastreuses, de même que l’approvisionnement des migrants en nourriture, en eau potable et en vêtements. De très nombreuses familles n’ont pas d’abri pour la nuit.
Des milliers de migrants ont perdu la vie, victimes des dangers des routes de l’exil empruntées par les passeurs. Des forces de sécurité accueillent les nouveaux arrivants – familles, femmes et enfants – à coups de matraque et de gaz lacrymogènes. Les foyers d’hébergement de requérants d’asile sont incendiés par des groupes d’extrême droite et des bandes de passeurs sans scrupules réalisent d’incroyables profits, en exploitant la détresse des personnes migrantes.
Les stratégies de dissuasion ont échoué
Pour Caritas Suisse, ces procédés mettent en évidence le fait qu’il n’y a, à l’échelle européenne, aucune politique des réfugiés coordonnée ni politique migratoire digne de ce nom. La stratégie dominante mise sur l’égoïsme national, sur la dissuasion et sur la fermeture des frontières, martèle l’organisation catholique basée à Lucerne.
Or, cette stratégie a manifestement échoué, déplore-t-elle. Les migrantes et migrants arrivent malgré tout. Ceux qui fuient la guerre, la violence, l’oppression politique ou l’absence de perspectives d’avenir ne s’arrêtent pas à des frontières fermées entourées de barbelés. «Et ce n’est pas non plus une législation sur l’asile durcie de révision en révision qui les retiendra», affirme Caritas Suisse.
On ne peut pas parler de chaos de l’asile en Suisse
Comparée à ses voisins que sont l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie et la France, la Suisse connaît une hausse modérée du nombre de requérants d’asile et de réfugiés. Contrairement à ce qu’affirment certains représentants politiques, on ne saurait parler de chaos de l’asile, relève Caritas Suisse.
Mais, pour l’œuvre d’entraide, les stratégies de dissuasion et de fermeture des frontières mènent à l’impasse en Suisse comme dans tous les pays européens. «La classe politique doit s’en distancier au profit d’une politique des réfugiés et migratoire qui réponde aux exigences d’un Etat de droit et qui soit digne de la tradition humanitaire».
Le Sud porte principalement la charge de la tragédie des réfugiés
Cela implique que l’Europe n’est que faiblement touchée par les mouvements de fuite et de migration planétaires. Seule une petite partie des 60 millions de personnes en fuite, selon les estimations de l’ONU, arrivent en Europe.
Caritas fustige ainsi les réductions massives qui menacent la coopération au développement en Suisse. De l’avis de l’œuvre d’entraide, une telle attitude ne va pas seulement à l’encontre des principes humanitaires et des fondements de la politique de développement, elle est aussi irréaliste.
«La Suisse doit porter son aide humanitaire pour les Syriens déplacés par la guerre à au moins 100 millions de francs par an», martèle l’organisation catholique. Elle a signalé à plusieurs reprises que la récente augmentation de 30 à 50 millions de francs est beaucoup trop modeste, par rapport à l’ampleur de cette catastrophe humanitaire.
La Suisse doit se montrer coopérative
On ne peut mettre fin aux agissements des bandes de passeurs qui font commerce de la détresse et de la souffrance des gens qu’en permettant à ces derniers de fuir légalement en Europe et d’y déposer une demande d’asile, assure Caritas Suisse. «C’est pourquoi la Suisse doit réintroduire la possibilité supprimée en 2013 de déposer une demande d’asile dans l’ambassade suisse d’un pays tiers. Comme l’ont montré les expériences antérieures, c’est là un instrument important pour sauver des personnes persécutées», assure l’œuvre d’entraide.
Pour Caritas, c’est justement parce que la Suisse n’est pas en proie à un chaos de l’asile et que les mouvements migratoires actuels la touchent beaucoup moins, qu’elle doit se montrer coopérative vis-à-vis des Etats voisins et agir en partenaire. (apic/com/rz)