Maryvonne Ding, fidèle de la paroisse St-Pierre, à Fribourg (Photo:Raphaël Zbinden)
Suisse

Carême, un temps pour l'engagement

Autour d’une soupe aux saveurs exotiques, Maryvonne Ding explique que Carême rime, pour elle, avec engagement pour l’humanité et la planète. Bénévole au sein de plusieurs œuvres d’entraides et associations, dont l’Action de Carême (AdC), la fidèle de la paroisse St-Pierre, à Fribourg, estime que la période qui précède Pâques est particulièrement propice à la réflexion sur soi-même et sur le monde.

En tant que paroissienne engagée, que représente pour vous le Carême?

La première chose qui me vient à l’esprit quand je pense au Carême, c’est la soupe! (rires). Je suis d’origine française, et dès que j’ai découvert cette tradition en venant en Suisse, je l’ai trouvée magnifique. J’essaie donc de ne jamais oublier une soupe de Carême du vendredi.

A cette occasion, nous récoltons des signatures et faisons du travail d’information sur d’importants problèmes de notre société, dans le cadre de la Campagne œcuménique de Carême (menée par les œuvres d’entraide catholique romaine Action de Carême (AdC), protestante Pain pour le prochain (PPP) et catholique chrétienne Etre partenaires).

Cet engagement concret pour un monde meilleur, c’est cela pour vous le principal sens du Carême?

Pour moi, le Carême, c’est surtout prendre le temps de réfléchir sur moi-même et de faire réfléchir les autres. J’utilise beaucoup de temps et d’énergie pour m’informer et sensibiliser les autres aux problématiques mondiales. La Campagne de cette année porte ainsi l’attention sur les conséquences de l’extraction de l’or dans les pays du Sud, une tragédie dont le public doit absolument être conscient.

Carême ne doit pas être un moment de souffrance

Je fais partie d’un groupe de décoration d’église, à St-Pierre. J’essaie d’apporter lors des réunions une réflexion sur comment illustrer au mieux cette Campagne de Carême. Il s’agit principalement de rendre les enjeux visibles aux fidèles. Cette année, je compte ainsi placer des récipients en cuivre, pour symboliser les problématiques liées à l’extraction de l’or. Je vais aussi inviter les curés à porter l’attention des fidèles sur le sens de ces décorations. Il y a aussi là un important aspect didactique.

Et au niveau de votre vie quotidienne, qu’est-ce que cette période change?

Cela veut dire abandonner un petit peu la télé, utiliser ce temps pour assister à des conférences, pour lire. Cela entre également dans mon effort accru d’information et de réflexion.

Au-delà, c’est une période pour s’arrêter, se mettre en retrait, à l’écoute de la Parole de Dieu. J’essaie autant que possible de participer à la messe du matin. Chaque année, je monte aussi une semaine au Grand-Saint-Bernard, pour une retraite. Là-bas, je profite de la proximité de Dieu à travers la nature et les cérémonies des religieux.

Pour certains, le Carême est une période de jeûne et de privation…

Pour ma part, je suis incapable de jeûner (rires). Je prends un petit peu moins de dessert et je renonce au chocolat. Nous avons toujours fait ça quand nos enfants étaient petits. Nous mettions symboliquement le prix de la tablette de chocolat, chaque semaine, dans la pochette de Carême. Le sens était de leur apprendre la notion de partage, également centrale en cette période.

Carême, c’est aussi faire l’effort de lâcher nos petites habitudes. Pour moi, c’est par exemple de renoncer au petit chocolat qui accompagne le café ou de prendre de la distance avec les moyens de communication: la télévision, l’ordinateur, le téléphone portable. Car ce sont des choses qui subtilement nous emprisonnent et nous empêchent de nous retrouver seuls avec nous-mêmes. C’est le sens, en particulier, de ma retraite au Grand-Saint-Bernard, un endroit où l’on peut difficilement être atteint par téléphone.

Carême, pour moi, ne doit toutefois pas être un moment de souffrance. La vie se charge suffisamment de nous faire souffrir. Carême, c’est une remise en cause de nos façons de faire, de fonctionner. C’est un moment pour sortir de l’engrenage des loisirs, des habitudes, du travail, pour se recentrer sur ce qui est essentiel dans nos vies.

Qu’en est-il de la notion de partage?

Pour moi, le partage de Carême ne concerne pas, que les biens matériels. C’est aussi l’échange de la chaleur humaine, le refus du repli sur soi.

J’ai invité, la semaine dernière, des petites dames âgées à venir manger avec mon mari et moi, à midi. De façon individuelle, j’accompagne les dames de mon quartier pour des visites à des connaissances à l’hôpital ou au home. Malheureusement, les traditionnelles visites de la Journée des malades organisées par la paroisse, auxquelles je participais dans le passé, ne se font plus, à cause du manque de bénévoles.

Cet aspect de rencontre est primordial. Je suis depuis deux ans à la retraite, mais je ne conçois pas ma vie sans ce contact régulier avec les autres. (cath.ch-apic/rz)

 

Maryvonne Ding, fidèle de la paroisse St-Pierre, à Fribourg
4 mars 2016 | 07:33
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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