Cardinal You: «Saint André Kim peut être un exemple pour l’Occident»

Le 16 septembre 2023, une statue d’André Kim Taegon (1821-1846) sera inaugurée dans une niche de la basilique Saint-Pierre au Vatican à l’occasion de la fête du saint coréen et de l’anniversaire de son martyre. Le cardinal Lazarus You Heung-sik, préfet du dicastère pour le Clergé, explique à l’agence I.MEDIA comment ce saint martyr de Corée peut aider l’Église catholique à «retrouver l’enthousiasme de l’annonce de l’Évangile», notamment en Occident.

André Kim Taegon, grande figure du catholicisme asiatique, a beaucoup compté dans la conversion et la vocation sacerdotale du cardinal coréen Lazarus You Heung-sik, préfet du dicastère pour le Clergé.

Que signifie pour les catholiques coréens l’installation de la statue de saint André Kim Taegon sur les murs de la basilique Saint-Pierre?
Cardinal You: Comme on peut l’imaginer, c’est un moment de grande joie pour le peuple coréen et surtout pour les catholiques. Cette occasion, en plus de rappeler l’importance de la figure de saint André Kim, permet aux fidèles de l’Église coréenne de se sentir partie prenante de la catholicité de l’Église, de ressentir une proximité et une communion plus profondes avec l’Église de Rome et avec la Chaire de Pierre. C’est un grand cadeau, qui encourage et remplit le cœur de joie.

Dans votre livre Come la folgore viene da Oriente (‘Comme la foudre venue de l’Est’, éditions San Paolo, 2023), vous parlez de saint André Kim Taegon comme d’une figure importante de votre vie. Que représente-t-il pour vous exactement?
Comme je l’explique, à l’origine de ma vocation il n’y a pas d’événements extraordinaires, mais un chemin vécu dans la simple vie de tous les jours. Et au contact du christianisme, j’ai tout de suite été fasciné par la vie, la mission et surtout le courage héroïque d’André Kim, qui était un jeune homme comme moi. Il n’avait que 25 ans et, en regardant son exemple, je me suis dit: je veux aussi vivre la vie comme ça, en grand, sans la gaspiller. Ce fut le début d’un parcours qui m’a progressivement conduit à découvrir la beauté de l’amour de Dieu et la vocation au sacerdoce.

Quel est selon vous l’aspect le plus marquant de la vie et du témoignage de saint André Kim?
Lorsque l’on est confronté à des histoires comme celle d’André Kim, on doit s’interroger sur la véritable signification du martyre chrétien. Il ne s’agit pas d’un geste héroïque isolé, c’est-à-dire quelque chose qui se produit dans une circonstance spécifique et qui exige le sacrifice d’une vie. C’est bien plus que cela. Il est le sommet, le signe le plus éloquent et donc la synthèse de tout le chemin de la vie.

«André nous dit que la vie passée dans l’amour, même si elle coûte des sacrifices, vous revient en abondance»

Le martyre physique est donc le point culminant d’une vie vécue de manière évangélique, c’est-à-dire d’une vie vécue dans l’amour. L’aspect le plus fort est donc celui-ci: André nous dit que la vie passée dans l’amour, même si elle coûte des sacrifices, vous revient en abondance, vous remplit de joie, ouvre la voie à de bonnes relations, vous initie à la vraie joie, qui ne s’éteint jamais.

Saint André Kim prend place aux côtés des grands saints de l’histoire de l’Église, souvent occidentaux, dans ces niches de la basilique Saint-Pierre. En tant que saint, quel aspect de la Bonne Nouvelle pensez-vous qu’il puisse révéler aux catholiques, d’Occident en particulier?
Ce que le pape François a souvent répété, notamment lors d’une audience générale consacrée à André Kim: l’ardeur, la passion, l’enthousiasme pour l’Évangile. L’Occident a un patrimoine remarquable, une histoire très riche, un christianisme ancien qui conserve beaucoup de potentiel; mais, en même temps, il a un visage fatigué, il est souvent aspiré par les effets de sa propre émancipation, il est menacé par un style de vie individualiste et consumériste.

«Nous sommes reconnaissants au pape François pour sa vision universelle, catholique et inclusive»

Et dans ce scénario, même l’Église court le risque de se replier un peu sur elle-même et sur ses propres projets, alors qu’elle a besoin de retrouver l’enthousiasme de l’annonce de l’Évangile. Il faut une foi qui soit proclamée avec fraîcheur, avec joie, avec liberté, qui puisse atteindre tout le monde et attirer à nouveau chacun en présentant la beauté de Jésus.

Au cours de son pontificat, le pape François a constamment souligné la valeur de l’Église en Asie et a accordé une attention particulière aux catholiques de Corée du Sud. Selon vous, comment cette nouvelle statue s’inscrit-elle dans l’attention constante que le pape François porte à l’Asie? Que pensez-vous qu’il voie dans l’Église catholique coréenne?
Nous sommes reconnaissants au pape François pour cette vision universelle, catholique et inclusive qu’il manifeste depuis le début de son pontificat. Lui-même vient d’une autre partie du monde, comme il l’a dit le soir de son élection. Je pense qu’il regarde l’Asie comme une Église vivante et joyeuse, qui peut donner un élan à l’évangélisation. Quant à l’Église coréenne, nous nous sentons regardés par le Saint-Père avec affection et attention, et c’est un grand cadeau. (cath.ch/imedia/ic/cd/rz)