Le cardinal Parolin à Moscou comme médiateur auprès de la Russie
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, effectue à partir du 21 août 2017 une visite officielle en Russie. Sur le plan diplomatique, un tel voyage permettra de préciser la position d’équilibre du Vatican, à l’égard de ce pays au rôle majeur sur le plan international.
La presse italienne et internationale qualifie volontiers de «Ostpolitik 2.0» le voyage à Moscou du numéro deux du Vatican, en référence à la politique d’ouverture du Saint-Siège vis-à-vis de l’URSS. Une politique menée par un des prédécesseurs du prélat, le cardinal Agostino Casaroli.
Le cardinal Parolin devrait proposer que le Saint-Siège soit un «médiateur entre deux mondes qui ne doivent pas être considérés comme opposés», affirme ainsi don Stefano Caprio, professeur à l’Institut pontifical oriental à Rome, sur le site vaticaniste italien Vatican Insider du 16 août.
«Convergence de fond»
Entre la Russie et le Saint-Siège, «il n’y a pas de convergence totale, mais une convergence de fond», poursuit le chercheur. Sur les chrétiens persécutés au Moyen-Orient, par exemple, Rome est «en ligne avec l’Eglise orthodoxe», même si les accents sont différents sur le ton employé vis-à-vis du monde islamique. «Les orthodoxes ont moins peur», explique-t-il, d’adopter une tonalité tranchée que le Vatican cherche à éviter.
Une analyse nuancée par le cardinal Parolin lui-même, dans un entretien au quotidien italien Il Sole 24 ore du 27 juillet dernier. Quand bien même l’objectif reste de ›construire des ponts’ avec la Russie, «chacun a ses propres valeurs, ses propres intérêts (…) et même sa conception du droit international», affirme ainsi le prélat, faisant allusion au rattachement de la Crimée ukrainienne à la Russie. Reste, selon lui, que le défi est de «contribuer à une meilleure compréhension réciproque entre ceux qui risquent de se présenter eux-mêmes comme des pôles contraires».
Cela caractérise les relations entre la Russie et l’Ukraine, et avec elle le reste de l’Europe. Mais aussi celles, devenues très complexes, entre Russie et Etats-Unis, Donald Trump et Vladimir Poutine.
Triangle diplomatique
Il existe ainsi une sorte de «triangle» diplomatique, confirme don Caprio, entre Russie, Etats-Unis et Europe, dans lequel le Saint-Siège peut trouver une place de médiateur, entre Ostpolitik et Westpolitik.
Ce que le chef de la diplomatie vaticane souhaite c’est aussi, plus précisément, l’unité du continent européen, «son rôle historique en termes de civilisation, de culture, et de foi chrétienne». L’Europe de l’Atlantique à l’Oural, en quelque sorte, expression chère au général De Gaulle… et à Jean Paul II !
Contestation de la globalisation
Si la politique de Poutine semble «assez compatible» avec certains intérêts de la diplomatie vaticane, c’est également, ajoute le chercheur don Stefano Caprio, au nom d’une certaine «contestation de la mondialisation», à Rome comme à Moscou, contre la «domination unilatérale américaine et occidentale sur le monde».
C’est la position de la Russie sur la scène internationale depuis plusieurs années, précise-t-il, et avec le pape François, la politique vaticane s’est rangée sur cette ligne.
Cette volonté d’équilibre du Saint-Siège résulte enfin, conclut le cardinal Parolin dans son entretien, de la phase de «grande incertitude» et instabilité dans laquelle est entrée le système international. C’est la fameuse «guerre mondiale par morceaux» souvent décrite par le pape François, où la fragmentation des conflits rend plus que jamais nécessaire le dialogue prôné par les plus hauts représentants de l’Eglise. (cath.ch/imedia/ap/mp)