Le cardinal Gerhard Müller ne donne aucune chance au synode allemand | © Jacques Berset
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Cardinal Müller: les Allemands se font des illusions sur les réformes

Le cardinal allemand Gerhard Ludwig Müller est convaincu que les nouveautés de la voie synodale n’ont aucune chance d’être mises en œuvre. Il émet également des critiques sur la manière dont le pape traite le cardinal Rainer Maria Woelki.

Selon le cardinal Gerhard Ludwig Müller, les catholiques allemands se bercent d’illusions avec leur processus de réforme. Les nouveautés envisagées dans le cadre de la voie synodale n’ont aucune chance d’être mises en œuvre, a déclaré l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, et ancien évêque de Ratisbonne, à l’agence de presse allemande DPA à Rome le 31 juillet 2022.

«La raison n’est pas que nous voulons ici à Rome insister de manière dictatoriale sur nos convictions ou exercer un pouvoir. La raison est que l’Église a été instituée et conçue par Jésus-Christ. Nous n’avons pas le pouvoir de changer cet ordre».

Ne pas abandonner complètement la voie

Le Vatican avait récemment précisé que la voie synodale des catholiques allemands n’était «pas habilitée» à changer les structures de direction ou l’Église, ni même la doctrine. La voie synodale aspire à des réformes concrètes dans les domaines de la morale sexuelle, de la gestion du pouvoir, du statut de la femme et du célibat obligatoire (célibat) des prêtres.

Mgr Müller a souligné qu’il n’était pas favorable à l’abandon complet de la voie synodale. Une assemblée synodale au sein de laquelle les évêques allemands collaboreraient avec des représentants laïcs et discuteraient par exemple de la manière d’empêcher les abus sexuels à l’avenir, serait tout à fait judicieuse.

«L’Eglise est une communauté de croyants à laquelle tous doivent participer. Elle n’est pas composée de donneurs et de receveurs d’ordres», a précisé le cardinal allemand. Les laïcs ont le droit de participer, et cela se fait de diverses manières, par exemple dans les conseils paroissiaux et les conseils diocésains.

La Conférence des évêques allemands et le Comité central des catholiques allemands (ZdK) devraient toutefois cesser de donner l’impression qu’ils peuvent, par leur processus national, transformer l’Église catholique universelle sur des points essentiels selon leur bon vouloir.

Mgr Woelki victime de campagnes de diffamation

Le cardinal Müller a été évêque de Ratisbonne de 2002 à 2012, puis il a été nommé par le pape Benoît XVI préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, qui veille sur l’enseignement catholique. Lorsque son premier mandat a expiré en 2017, le pape François ne l’a pas prolongé. Depuis 2021, Mgr Gerhard Ludwig Müller est juge au tribunal suprême de l’Église au Vatican.

Mgr Müller a également critiqué la manière dont le pape François a traité le cardinal Rainer Maria Woelki, archevêque  de Cologne. «Je ne vois pas la moindre raison pour laquelle le cardinal Woelki devrait démissionner», a-t-il déclaré. Il n’y a absolument rien contre Mgr Woelki, il est simplement victime de campagnes de diffamation.

Le 24 juillet, le pape François a déclaré à l’agence DPA qu’il souhaitait prendre son temps avant de prendre une décision concernant l’archevêque de Cologne. «Voyons voir. On ne prend pas une telle décision sous la pression», avait déclaré le chef de l’Église catholique âgé de 85 ans.

En juin, François avait déjà déclaré dans une interview qu’il avait demandé à Mgr Woelki de lui adresser une lettre de démission. Celle-ci lui est désormais parvenue et il peut prendre une décision à tout moment. Le contexte serait la «situation turbulente» dans l’archevêché de Cologne.

«Le pape n’est pas le chef»

La cardinal Müller a vivement critiqué cette situation de flottement. «On donne ainsi l’impression que les évêques ne sont que des pions que le pape peut déplacer à sa guise. Pourtant, les évêques sont en fait institués par le Christ, ils ont le même rang que le pape dans l’épiscopat. Le pape n’est pas le chef, l’employeur des évêques. Il ne peut renvoyer un évêque qu’en cas extrême, si celui-ci s’est par exemple rendu coupable de graves violations de ses devoirs de fonction».

L’année dernière, le pape François avait reproché à l’archevêque de Cologne de «grandes erreurs», notamment dans sa communication, et l’avait envoyé en congé sabbatique pour cinq mois. Auparavant, Mgr Woelki s’était retrouvé, entre autres, sous le feu croisé des critiques pour avoir, dans un premier temps, refusé de publier une expertise sur la manière dont les responsables de diocèses géraient les accusations d’abus en raison de doutes juridiques. (cath.ch/kath.ch/kap/bh)

Le cardinal Gerhard Müller ne donne aucune chance au synode allemand | © Jacques Berset
1 août 2022 | 10:45
par Bernard Hallet
Temps de lecture : env. 3  min.
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