Le cardinal Reinhard Marx a célébré une messe "queer" dans l'église St-Paul de Munich, le 13 mars 2022 | © KEYSTONE/DPA/Tobias Hase
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Cardinal Marx: «L’homosexualité n’est pas un péché»

Après avoir organisé une messe «queer» début mars 2022, le cardinal allemand Reinhard Marx a présenté ses idées sur une Eglise «inclusive». Il souhaite en particulier que la doctrine cesse de considérer l’homosexualité comme un péché.

L’église St-Paul de Munich était pleine à craquer pour la messe célébrée par l’archevêque, rapporte le magazine allemand Stern, le 30 mars 2022. La célébration était dédiée aux membres catholiques de la communauté LGBTQI.

La démarche inédite du cardinal Marx s’inscrit dans son désir, déjà exprimé à plusieurs reprises, de voir des changements dans la doctrine catholique, en particulier sur la morale sexuelle. Il explique ainsi au Stern vouloir en finir avec l’exclusion des croyants queer dans son Eglise. «L’homosexualité n’est pas un péché», affirme-t-il. «Cela correspond à une attitude chrétienne lorsque deux personnes, quel que soit leur sexe, se soutiennent l’une l’autre, dans la joie comme dans la tristesse. Je parle de la primauté de l’amour, notamment dans la rencontre sexuelle».

Celui qui menace de l’enfer «n’a rien compris»

Pour le prélat munichois, «les personnes LGBTI font partie de la création et sont aimées de Dieu, et nous sommes appelés à nous opposer à la discrimination. Je crois que Dieu cherche la communion avec eux, comme il la veut avec tous les hommes. Pour moi, le péché est plutôt de vouloir pousser les autres hors de l’Eglise». Pour le cardinal, celui qui menace les homosexuels ou toute autre personne de l’enfer «n’a rien compris».

Reinhard Marx contredit ainsi le Catéchisme de l’Eglise catholique (1992), qui affirme que les actes homosexuels sont «intrinséquement désordonnés». «Le Catéchisme n’est pas gravé dans la pierre. On peut aussi douter de ce qui y est écrit», souligne-t-il.

L’archevêque souhaite que le droit du travail catholique soit adapté en ce sens: «Il faut bien sûr encore établir de manière fiable que l’on ne peut pas être licencié en raison de son orientation sexuelle ou d’un remariage. Cela ne peut pas dépendre du bon vouloir de l’évêque ou du vicaire général».

«Comme tout le monde, j’ai une sexualité»

Le cardinal allemand s’ouvre également de manière inhabituelle, dans le journal allemand, sur sa propre intimité. «Bien sûr, comme tout le monde, j’ai une sexualité. (…), même si je ne suis pas dans une relation». En tant que jeune aspirant prêtre, il avoue avoir connu l’attrait de la vie amoureuse, «mais l’autre (la vocation, ndlr.) était plus forte pour moi».

A la question de savoir s’il n’est jamais tombé amoureux au cours de toutes ces années, le cardinal répond: «Du moins pas au point de dire que je jette tout par-dessus bord pour cette personne. Mais bien sûr, je trouve moi aussi des personnes attirantes, il serait malhonnête de le nier. Le célibat ne signifie pas vivre sans relations humaines, ou l’on serait alors très pauvre».

Dans le principe, il pourrait s’imaginer une Eglise ouverte aux prêtres mariés. «Tout ne s’effondrera pas» si des prêtres mariés coexistent avec d’autres non mariés. «Ce qui se passe dans d’autres Eglises le démontre».

Pour une Eglise plus transparente

Le cardinal munichois avait récemment commandé une expertise à un cabinet d’avocats indépendant sur les manquements dans son diocèse dans la gestion des affaires d’abus. Le rapport avait lourdement chargé certains de ses prédécesseurs, dont le pape émérite Benoît XVI. Le document, publié en janvier 2022, attestait également d’erreurs de la part de Reinhard Marx lui-même. Auparavant, le cardinal avait présenté sa démission au pape François pour assumer sa responsabilité face aux affaires d’abus ayant surgi dans l’Eglise en Allemagne. Une démission refusée par le pape François.

«Le système (de l’Eglise, ndlr.) dans son ensemble, toute l’atmosphère doivent changer», déclare ainsi le cardinal au Stern. «Le célibat n’est certainement pas une cause automatique d’abus, mais nous devons l’admettre: la dissimulation et le réflexe de protéger en premier lieu l’institution et sa réputation – et de considérer ensuite seulement les victimes – existent malheureusement encore! L’Église doit devenir plus transparente, il doit y avoir une participation au pouvoir, des possibilités d’agir et de créer. Le concept d’obéissance, en partie erroné, doit être revu. Il ne doit plus y avoir de hiérarchie où l’on ne fait qu’obéir aux supérieurs».

Le cardinal Marx a été l’une des principales chevilles ouvrières du processus synodal allemand. Son rapport de clôture, délivré début février 2022, demande également la réforme du rapport hiérarchique dans l’Eglise, ainsi que de l’enseignement catholique, notamment en matière de sexualité. (cath.ch/stern/arch/rz)

Le cardinal Reinhard Marx a célébré une messe «queer» dans l'église St-Paul de Munich, le 13 mars 2022 | © KEYSTONE/DPA/Tobias Hase
1 avril 2022 | 11:21
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 3  min.
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