Le cardinal Kurt Koch a participé au Synode sur la synodalité en tant que membre de la Curie | © Annalena Müller
Suisse

Cardinal Koch: «L’œcuménisme répond à la volonté de Jésus»

Le cardinal suisse Kurt Koch, Rome, aura 75 ans le 15 mars 2025. Préfet du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens depuis 2010, il revient sur les points saillants de son ministère.

Depuis quinze ans, la mission du cardinal Koch l’a conduit à la rencontre des communautés chrétiennes non catholiques dans le monde entier. Il a souvent accompagné le pape François dans ses voyages. Pour lui l’œcuménisme répond à une volonté explicite de Jésus.

Sylvia Stam, Pfarrblatt Bern / traduction et adaptation Maurice Page

Comment fête-t-on son anniversaire au Vatican?
Cardinal Kurt Koch : (rires) En Suisse, l’anniversaire est fêté plus intensément qu’au Vatican. Je suppose qu’il y aura un café et un petit discours dans mon dicastère et que les collaborateurs me chanteront  ‘Happy Birthday’.

Le pape vous félicitera-t-il d’une manière ou d’une autre?
Je ne le sais pas. Le pape a l’habitude d’envoyer des vœux pour la fête de son nom, pas pour les anniversaires.

Les évêques doivent présenter leur démission au pape à 75 ans. Comment cela se passe-t-il pour les cardinaux ?
C’est la même chose. Tous les chefs de dicastères présentent leur démission à 75 ans, le pape décide s’il l’accepte ou non.

Supposons que le pape accepte votre démission, en seriez-vous heureux?
Je ne m’en préoccupe pas à l’avance. Si aucune raison de santé n’est invoquée, le pape décidera s’il a encore besoin de moi dans cette fonction. En cas de démission, je quitterais mon travail principal, à savoir la direction du Dicastère pour la promotion de l’unité des chrétiens. Le travail en tant que membre d’autres dicastères se poursuit la plupart du temps jusqu’à l’âge de 80 ans.

«L’œcuménisme est une paire de lunettes avec laquelle je regarde toutes mes tâches»

Avant d’être cardinal de curie, vous avez été évêque de Bâle de 1996 à 2010. Qu’est-ce qui vous plaît davantage dans la fonction de cardinal que dans celle d’évêque ?
En tant qu’évêque diocésain, on a une communauté concrète devant soi, avec de nombreuses visites dans les paroisses. Dans mon dicastère, j’ai pour mission d’être en contact avec toutes les Églises chrétiennes, c’est pourquoi je voyage beaucoup. Je n’assume plus que rarement des tâches épiscopales comme les confirmations, des demandes isolées me parviennent de Suisse. Mais je suis désormais responsable de l’Eglise universelle, pas de la Suisse.

Dans les zones pastorales de notre pays, les projets œcuméniques échouent parfois faute de ressources en personnel. Qu’en pensez-vous en tant que ministre de l’œcuménisme?
L’œcuménisme n’est pas simplement un travail supplémentaire, mais plutôt une paire de lunettes avec laquelle je regarde toutes mes tâches: Comment est-ce que j’assume mon service dans le cadre de la responsabilité œcuménique? La pastorale est de toute façon une tâche sans fin. Il est inévitable de fixer des priorités.

Et vous vous attendez à ce qu’on les fixe pour l’œcuménisme.
L’œcuménisme est une priorité parmi d’autres. L’avantage des zones pastorales, c’est qu’on peut répartir les tâches. Si quelqu’un peut être spécifiquement responsable des relations œcuméniques, les autres en seraient un peu déchargés. Je ressens toujours une certaine résistance à l’égard des zones pastorales, parce que chacun aimerait être chef dans sa propre maison.

«La sécularisation peut être l’occasion d’un œcuménisme, mais jamais la raison.»

Voyez-vous dans la sécularisation croissante une chance pour l’œcuménisme, par exemple que nous soyons plus visibles ensemble en tant que chrétiens? 
La sécularisation peut être l’occasion d’un œcuménisme, mais jamais la raison. Dans l’évangile de Jean (17,21), Jésus prie : «Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Répondre à la volonté de Jésus est la raison de l’œcuménisme. La sécularisation peut être l’occasion de dire: nous devons travailler ensemble parce que nous sommes dans une situation difficile.

Votre Dicastère s’occupe aussi des relations avec les juifs. Or du côté juif, certains ont regretté que le pape ne condamne pas suffisamment explicitement les attentats du Hamas du 7 octobre 2023.
Le pape a condamné les attentats de manière générale. Il a en outre invité à ses côtés une représentante des otages et une représentante des Palestiniens. C’est sa façon de réagir au conflit. Le Saint-Siège considère que sa mission est d’aider à résoudre les conflits et de servir de médiateur. Pour pouvoir le faire, il a besoin d’une certaine neutralité. C’est une vieille tradition de la diplomatie vaticane que de mettre ses bons offices à disposition. Dans ce conflit, il y a d’un côté les horreurs du 7 octobre et de l’autre la vie des Palestiniens de Gaza dont certains sont chrétiens. Le pape doit peser ce qu’il dit exactement pour que ceux-ci ne se sentent pas blessés et abandonnés.

Il pourrait condamner les attentats du Hamas et la réaction du gouvernement israélien.
Il a condamné les deux, mais peut-être pas aussi explicitement qu’on l’attendrait d’un homme politique. Il ne faut pas en déduire que cela ne le touche pas. Dans chaque prière de l’Angélus, la guerre en Ukraine et la guerre au Proche-Orient sont mentionnées. Et le pape est toujours du côté des victimes. (cath.ch/pfarrblatt/mp)

Kurt Koch est né le 15 mars 1950 à Emmenbrücke (LU). Fils d’un ouvrier et d’une femme au foyer, il obtient sa maturité fédérale en 1970 à Lucerne. Puis il entre à la faculté de théologie de l’Université de Lucerne, avec un séjour de deux ans à Munich. Il obtient sa licence en théologie en 1975. Ordonné prêtre en 1982, il est nommé vicaire dans la paroisse de Sainte-Marie à Berne jusqu’en 1985.
Il est titulaire d’un doctorat en théologie, soutenu en 1987. En 1989, il devient professeur de théologie dogmatique et de liturgie à la faculté de Lucerne.
Il est élu évêque de Bâle en août 1995 et reçoit l’ordination épiscopale des mains du pape Jean Paul II à Rome le 6 janvier 1996.
En juillet 2010, Benoît XVI l’appelle à Rome et le nomme président du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens. Il est crée cardinal en novembre de la même année. Depuis 2013, il est également membre du dicastère pour les évêques. MP

Le cardinal Kurt Koch a participé au Synode sur la synodalité en tant que membre de la Curie | © Annalena Müller
14 mars 2025 | 08:00
par Maurice Page
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