Canonisations: «le Christ demande des choix courageux»
En donnant tout et demandant tout, le Christ se montre «radical» et invite les fidèles à prendre des «risques» pour Le suivre totalement, a expliqué le pape François lors de l’homélie de la messe de canonisation de Paul VI, de Mgr Oscar Romero et de cinq autres bienheureux sur la place Saint-Pierre au Vatican le 14 octobre 2018.
Arrivant pour certains aux aurores, plus de 70’000 fidèles se sont amassés devant la basilique Saint-Pierre tapissée des portraits des bienheureux proclamés saints : Paul VI (1963-1978), Mgr Oscar Romero (1917-1980), Vincenzo Romano (1751-1831), Nunzio Sulprizio (1817-1836), Maria Katharina Kasper (1820-1898), Francesco Spinelli (1853-1913) et Nazaire de Sainte-Thérèse de Jésus (1889-1943).
Pour avoir la vie éternelle, a recommandé le chef de l’Eglise catholique dans son commentaire de l’évangile de ce dimanche (Mc 10, 17-30), le cœur du croyant doit choisir entre l’amour de Dieu et celui de «la richesse du monde». L’âme est en effet comme un «aimant» attiré par l’un de ces deux pôles. Le baptisé est donc invité à se demander «de quel côté» il se trouve.
«Jésus est radical. Il donne tout et demande tout», a ainsi déclaré le successeur de Pierre. Selon lui, on ne peut pas se contenter «d’un pourcentage d’amour» : c’est tout ou rien, a tranché le Souverain pontife ayant revêtu pour l’occasion le cingulum tâché de sang que portait Mgr Romero lors de son assassinat en 1980. Pour suivre «totalement» Dieu, a-t-il insisté, il ne faut pas de «demi-mesures», mais on doit choisir la sainteté sans hésiter à poser des choix courageux et risqués.
Paul VI, le «sage timonier» du Concile Vatican II
Les catholiques doivent «demander la grâce» d’apprendre à tout quitter par amour du Seigneur, a affirmé le pape François. C’est-à-dire les richesses, les nostalgies «de rôle ou de pouvoir», les structures qui ne sont «plus adaptées» à l’annonce de l’Evangile, les poids «qui freinent» la mission ou encore les liens qui «attachent» au monde. «Jésus nous suffit-il ou bien cherchons-nous beaucoup de sécurités du monde ?», a interrogé le pontife.
Selon l’évêque de Rome, les saints ont suivi ce chemin de radicalité. Le pape Paul VI notamment, a-t-il souligné, a consacré sa vie au Christ n’hésitant pas à «traverser de nouvelles frontières» pour devenir un témoin dans l’annonce et le dialogue. Et aujourd’hui, à travers sa canonisation, celui qui a été un «sage timonier» du Concile Vatican II invite les fidèles à vivre leur vocation universelle de sainteté. Et ce, sans «tiédeur» ni «calculs» mais avec le désir «de risquer et de quitter».
Certaines personnalités étaient présentes à cette cérémonie, notamment le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Si le pape émérite Benoît XVI (2005-2013) était absent en raison de son grand âge, le pape argentin lui a cependant rendu visite la veille des canonisations, au monastère Mater Ecclesiae au Vatican où le pontife allemand s’est retiré depuis sa renonciation. Joseph Ratzinger avait reçu la barrette cardinalice des mains de Paul VI lors de l’ultime consistoire du pontificat de ce dernier en 1977. PAD