Canada: les attaques contre les églises continuent
Au cours de ces derniers mois, des dizaines d’églises à travers le Canada ont été la cible d’attaques et d’actes de vandalisme. Au moins dix d’entre elles ont été complètement détruites par des incendies criminels. Ces attaques ont débuté suite à la découverte de 200 tombes, en mai dernier, sur le site d’un ancien pensionnat géré par l’Eglise catholique, à Kamloops, en Colombie britannique.
La police de Vancouver, sur la côte ouest du Canada, a constaté une nette augmentation des actes de vandalisme contre des églises depuis le début du mois de juin, rapporte le site Vatican News le 3 août 2021. Le bilan fait état de treize incidents impliquant des jets de pierres sur les fenêtres, des graffitis sur les murs et des menaces d’incendie.
Dans la banlieue voisine de Surrey, en Colombie britannique, au sud-ouest du pays, l’église copte orthodoxe a été détruite par les flammes le 19 juillet, quelques jours seulement après l’échec d’une tentative d’incendie criminel.
Ces incidents s’inscrivent dans une tendance plus large de violence contre les églises au Canada. 21 édifices ont été incendiés au cours des derniers mois, dont au moins dix ont été complètement détruits. Des dizaines d’autres ont été vandalisés ou profanés dans tout le pays.
Découvertes macabres
Nombre de ces attaques semblent liées à l’indignation suscitée par le rôle des Églises dans le système des pensionnats indiens. Au cours du 20e siècle, des milliers d’enfants autochtones, arrachés à leurs familles, y avaient été placés pour les couper de leur culture d’origine.
À la fin du mois de mai, environ 200 tombes anonymes ont été découvertes sur le site d’un pensionnat à Kamloops, en Colombie britannique. Cette macabre découverte a mis en lumière cette page sombre de l’histoire du Canada et généré une très forte émotion. Une découverte suivie, le 23 juin, par celle de plus de 750 sépultures, à proximité de l’ancien pensionnat autochtone Marieval, géré par l’Eglise catholique dans la province canadienne du Saskatchewan. D’autres cas ont encore été relevés et on estime que les découvertes vont continuer.
Appels à l’apaisement
Les dirigeants indigènes se sont élevés contre les attaques d’églises. «Détruire des biens ne nous aidera pas à construire le Canada pacifique, meilleur et inclusif dont nous avons tous besoin et que nous voulons», a ainsi déclaré Perry Bellegard, chef de l’Assemblée des Premières Nations. «Je crois aux processus qui unissent plutôt qu’à ceux qui divisent. La violence doit être remplacée par le recours aux cérémonies et à tout ce que nos anciens peuples nous ont appris sur la coexistence pacifique et le respect mutuel. Le dialogue réfléchi, et non la destruction, est la voie à suivre», a-t-il ajouté.
Dans une déclaration faite au début du mois, l’archidiocèse de Vancouver a également souligné l’importance du dialogue: «La bonne voie à suivre est celle de la réconciliation, du dialogue et de la réparation avec les peuples autochtones, en suivant la manière dont ils nous guideraient dans ce processus», indique la déclaration.
Suite aux derniers incidents, la police locale dit travailler à la prévention des crimes et appelle à une vigilance accrue. «Heureusement, personne n’a été blessé dans ces incidents de Vancouver et la plupart des dommages sont mineurs», a déclaré un porte-parole de la police. «Cependant, nous sommes de plus en plus préoccupés chaque jour par l’escalade de ces crimes audacieux, et nous demandons à leurs auteurs d’y mettre fin».
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a présenté les excuses de son pays le 25 juin 2021, appelant le pape à en faire de même. Le politicien n’a pas écarté l’hypothèse d’une enquête pénale, à propos de ces «terribles erreurs» du Canada, qui ont mené pendant plusieurs siècles une politique controversée d’assimilation forcée des premières nations.
Les évêques du Canada ont indiqué le 29 juin dernier qu’une délégation de peuples autochtones doit rencontrer le pape du 17 au 20 décembre 2021.(cath.ch/vatnews/bh)