Canada: L’Eglise anglicane publie les archives des pensionnats indiens
Toronto, 26 janvier 2015 (Apic) Plus de 300’000 pages de documents numériques relatifs aux 35 «pensionnats indiens» tenus l’Eglise anglicane du Canada entre 1820 et 1969, remis à la Commission Vérité et Réconciliation (CVR), sont désormais disponibles. Dans le cadre de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens en 2007, l’Eglise devait fournir à la CVR toutes les informations relatives aux pensionnats qu’elle détenait dans ses archives.
Pendant plus d’un siècle, les «pensionnats indiens», subventionnés par le gouvernement fédéral canadien et administrés par les Eglises, ont séparé plus de 150’000 enfants autochtones de leurs familles et de leurs communautés.
Faire disparaître les cultures amérindiennes
Ce système avait pour but d’isoler les enfants et les soustraire à l’influence de leurs foyers, de leurs familles, de leurs traditions et de leur culture, en fait de faire disparaître les cultures amérindiennes et «tuer l’Indien en eux». Il s’agissait de les intégrer par l’assimilation dans la culture dominante. Le Canada recense, entre 1870 et 1996, 139 pensionnats de ce type, dont 12 au Québec.
Ces institutions de scolarisation, d’évangélisation et d’assimilation des enfants autochtones ont également été le théâtre de maltraitances et de nombreux abus sexuels. Pour chercher à faire la lumière sur la réalité des pensionnats, un Commission de vérité et de réconciliation (CVR) a été mise sur pied en 2009. Elle a vu le jour suite aux plaintes contre le gouvernement fédéral et les congrégations religieuses lancées dès les années 1990 par des milliers de survivants de ces pensionnats.
4000 étudiants morts dans les pensionnats à travers tout le Canada
Pour l’archiviste Nancy Hurn, qui a coordonné pendant sept ans le processus de numérisation des documents concernant les «pensionnats indiens» tenus l’Eglise anglicane du Canada, l’expérience a été enrichissante, mais cela a été «un voyage rempli d’un dur labeur», rapporte «Anglican Journal», le journal national de l’Eglise anglicane du Canada.
Environ la moitié des documents numérisés proviennent des archives du Synode général de Toronto, qui détenait les registres des diocèses de l’Arctique et de Keewatin. Le reste des dossiers provenaient des archives de 30 diocèses à travers tout le Canada, y compris ceux qui n’avaient pas d’écoles résidentielles à l’intérieur de leurs frontières.
L’un des objectifs importants du travail d’archives, rapporte l»Anglican Journal», vise à déterminer le nombre d’enfants qui sont morts dans les pensionnats dirigés par l’Eglise anglicane. Nancy Hurn révèle que les enregistrements provenant des archives du Synode général et du diocèse de l’Arctique ont identifié plus de 100 enfants décédés. Elle admet qu’il pourrait y avoir plus de morts à travers le pays. Les recherches d’archives ont permis à la Commission Vérité et Réconciliation d’évaluer à au moins 4000 étudiants morts dans les pensionnats à travers le Canada.
Outre les documents numériques, l’Eglise a également soumis près de 12’000 documents par voie électronique et plus de 6’000 photographies relatives aux pensionnats. Selon l’»Anglican Journal», la plus grande priorité de ces archives vise à répondre aux besoins des survivants. Les dossiers pourront éventuellement être accessibles en ligne afin de permettre aux survivants d’y accéder à distance. Une aide leur sera apportée pour trouver les dossiers par ordinateurs. En 2008, la majorité des Eglises qui avaient administré les pensionnats autochtones au Canada se sont excusées publiquement pour la négligence, les violences et les souffrances qu’avaient subies les enfants dont elles avaient la charge. (apic/auvidec/com/be)