Cameroun: les cinq prêtres et la religieuse retenus en otages libérés

Neuf personnes, dont cinq prêtres, une religieuse et trois laïcs catholiques, enlevées le 16 septembre 2022 par des hommes armés à Nchang, un village du diocèse de Mamfé, au sud-ouest du Cameroun, ont été libérées, annonce la presse camerounaise le 23 octobre. Les otages ont retrouvé leur liberté samedi 22 octobre.  

«Nous voudrions remercier les ›Combattants pour la liberté d’Ambazonie’ [une région séparatiste du Cameroun autoproclamée en 2017 dans les provinces anglophones du pays, ndlr] de nous avoir libérés sans paiement de rançon», a déclaré au moment de leur libération l’un des neuf otages tombés aux mains des rebelles le 16 septembre.

Ils avaient été capturés lors de l’assaut par des hommes armés de l’église paroissiale Sainte-Marie – qu’ils ont incendiée – à Nchang, dans la région anglophone du Sud-Ouest du Cameroun. Les régions anglophones de ce pays d’Afrique Centrale sont en proie aux tueries depuis que «la crise anglophone» a commencé en 2016.

L’Eglise refuse de payer des rançons

Cette libération est intervenue quelques jours après leur apparition dans une vidéo diffusée par les ravisseurs. Ces hommes armés revendiquaient le payement d’une rançon s’élevant à plusieurs millions de francs CFA. Déterminée à ne pas créer un précédent qui rendrait les religieux plus vulnérables, l’Eglise catholique avait fait savoir qu’elle ne payerait ne serait-ce qu’un seul franc aux ravisseurs.

Les rebelles exigeaient une rançon en francs CFA équivalant à 100’000, puis rabaissée à 50’000 dollars pour la libération des otages, a rappelé Mgr Andrew Nkea Fuanya, président de la Conférence épiscopale du Cameroun et archevêque de Bamenda, dans la région anglophone du Nord-Ouest. Le pape François s’était joint à l’appel des évêques du Cameroun pour la libération de ces personnes enlevées dans le diocèse de Mamfé.

Une longue série de kidnappings de prêtres et de religieux

Cet enlèvement dans la partie anglophone du Cameroun fait suite à une longue série de kidnapping de prêtres et de religieux, relève La Croix Africa. Il y a un an, Mgr Julius Agbortoko, vicaire général de Mamfé, avait été kidnappé le 29 août puis libéré le 31 août 2021. Le 22 mai 2021, le Père Christopher Eboka, directeur de communication de ce même diocèse avait été enlevé puis libéré dix jours plus tard.

Le cardinal Christian Tumi, défunt archevêque émérite de Douala et principal médiateur de la crise anglophone, a aussi été enlevé, par deux fois (5 et 6 novembre 2020, puis le 30 janvier 2021). De même que Mgr Michael Miabesue Bibi, actuel évêque de Buea dans le Sud-Est, enlevé les 5 et 6 décembre 2018, alors qu’il était évêque auxiliaire de Bamenda.

En 2019, Mgr Cornelius Esua Fontem, alors archevêque de Bamenda, avait été enlevé le 25 juin puis libéré le 26. Le 23 novembre 2018, quatre religieux de la congrégation des fils du Cœur Immaculé de Marie – plus connus sous le nom de missionnaires clarétains – avaient été enlevés avec leur chauffeur. Ils ont été retenus pendant quatre jours et torturés par un groupe qui les soupçonnait d’être «des espions de Yaoundé». (cath.ch/fides/lacroixafrica/be)