Burkina Faso: port du voile interdit dans les écoles catholiques

La Conférence épiscopale Burkina-Niger (CEB-N) a décidé d’interdire le port du voile et du turban dans ses établissements scolaires et instituts d’enseignement au Burkina Faso. Une décision qui s’applique en septembre, dès la rentrée scolaire 2023-2024.

Au Burkina Faso, les écoles, établissements et instituts catholiques sont implantés dans les quinze diocèses du Burkina Faso. Le réseau compte 75 centres d’éveil, plus de 180 écoles primaires, 150 établissements post primaires et secondaires et 9 universités. 

La décision des évêques, rapportée par la Conférence épiscopale régionale de l’Afrique de l’ouest (CERAO), vise «à garantir la liberté des élèves dans ses écoles, tout en permettant à l’Eglise catholique de poursuivre sa mission conformément à ses principes», a relevé l’Église.

Des élèves à visage découvert

Selon le texte, en vertu du nouveau règlement de la CEB-N, les élèves de la maternelle, du primaire et du secondaire des établissements d’enseignement catholiques doivent garder leurs cheveux naturels. Le port du voile et du turban en tant qu’accessoires de parure ou de signe d’appartenance religieuse est donc «interdit» dans toutes ces écoles, de la maternelle à l’enseignement supérieur. En revanche, les foulards de tête qui laissent le visage et les oreilles découvertes seront acceptés.

Dans une note d’information, la conférence épiscopale souligne que les parents d’élèves qui veulent inscrire leurs enfants dans les établissements d’enseignement catholiques au Burkina Faso doivent respecter huit exigences que sont, entre autres: le paiement des frais d’inscription et de scolarité, le respect des décisions administratives, le respect du code vestimentaire et de ses exigences de couture.

La note a été signée conjointement, le 3 mai 2023, par le président de la CEB-N, Mgr Laurent Dabiré, évêque de Dori, au nord-est, et de celui de la Commission épiscopale pour l’éducation catholique, Mgr Gabriel Sayoogo, évêque de Koupéla (centre-est). La note se base sur l’article 59 du règlement intérieur des établissements post-primaires et secondaires du Burkina Faso, adopté le 26 septembre 2018. Elle a rappelé que si les établissements confessionnels étaient d’abord ouverts aux enfants des catholiques, ils accueillent, dans les faits, tous les enfants sans distinction de religion.

Questions de liberté religieuse

Pour la CERAO, ce nouveau règlement soulève des questions importantes sur la liberté religieuse, la laïcité et les droits des élèves dans les établissements d’enseignement. Alors que certains saluent cette décision comme un moyen de garantir la liberté et la neutralité religieuse dans les écoles, d’autres critiquent cette interdiction en arguant que cela limite la liberté d’expression et la diversité culturelle au sein de la communauté scolaire.

Le Burkina Faso est la cible des groupes radicaux musulmans depuis 2015, menant quasi-quotidiennement des attaques contre les populations civiles et militaires, détruisant sans distinction, écoles, églises et mosquées. Plusieurs religieux chrétiens et musulmans ont péri dans ces violences qui ont plus de 10’000 morts et plus de 2,5 millions de déplacés. Ce terrorisme religieux est parti du Mali voisin, terreau des mouvements jihadistes, depuis 2012. (cath.ch/ibc/bh)