Burkina Faso: La famine menace les réfugiés du terrorisme

La famine menace les populations qui fuient les exactions des bandes terroristes dans les zones rurales du Burkina Faso. Ces populations, obligées de fuir les exactions de groupes radicaux musulmans, abandonnent leurs champs et leurs produits vivriers, déplorent les  évêques de la Conférence épiscopale Burkina-Niger (CEB-N).

«Ces attaques terroristes connaissent une intensification et prennent une nouvelle tournure, religieuse, à travers des enlèvements et des assassinats ciblés», visant des prêtres et des fidèles, peut-on lire dans la déclaration publiée à l’issue de l’Assemblée plénière ordinaire de la CEB-N. Les évêques du Burkina et du Niger se sont réunis du 10 au 15 juin 2019 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Les attaques terroristes prennent une tournure religieuse

Dans sa déclaration finale, la Conférence épiscopale dénonce les attaques terroristes à répétition, depuis quelques années, qui frappent tant le Burkina Faso que le Niger. Malgré l’engagement des forces de défense et de sécurité (FDS) sur le terrain, ces attaques se sont intensifiées. Elles prennent désormais une «tournure religieuse», à travers des enlèvements et des assassinats ciblés, depuis septembre 2018.

Les assassinats, les enlèvements, les destructions de lieux de culte et d’autres sites sacrés ainsi que les actes de profanation de lieux et d’objets de culte, sont devenus monnaie courante dans les deux pays. On ne compte plus le nombre d’assassinats et d’enlèvements de responsables religieux, coutumiers, d’éléments des forces de sécurité, de représentants de l’administration, et d’enseignants.

Plus de 150’000 déplacés au Burkina Faso

Entre le 17 septembre 2018 et le 10 juin 2019, près de 50 personnes à majorité chrétiennes –dont des religieux – ont été tuées dans une quinzaine d’attaques ciblant les chrétiens. Deux prêtres, le Père Pierluigi Maccalli, missionnaire italien de la Société  des Missions Africaines (SMA) au Niger, et l’abbé Joël Yougbaré, curé de Djibo, au Burkina Faso, enlevés respectivement en septembre et en mars 2019, sont toujours aux mains d’individus armés.

«Spirale d’horreurs»

Cette «spirale d’horreurs» inquiète les évêques de la CEB-N, qui suivent la situation avec «un sentiment de désolation et une profonde consternation», indépendamment de la confession religieuse ou de l’appartenance ethnique des victimes. Selon une estimation des organisations humanitaires, les actes djihadistes ont fait plus de 150’000 déplacés au Burkina Faso. Au Niger, plus de 70’000 réfugiés internes ayant fui leurs foyers à cause des violences des terroristes religieux, ont été recensés dans les régions de Tillaberi, sud-ouest, et Tahoua, centre-ouest au Niger.

Dans une déclaration publiée en mai 2019, l’ONU a averti que les attaques croissantes des extrémistes religieux contre les populations civiles au Burkina Faso, au Niger et au Mali, menaçaient des vies et moyens de subsistance, mais aggravaient également l’insécurité alimentaire et la malnutrition. Elles mettaient en outre en péril la paix et la cohésion sociale dans la région.

Une stratégie visant à détruire le vivre ensemble

Les évêques du Burkina et du Niger ont dénoncé la stratégie des terroristes consistant à susciter la peur et la désolation au sein des populations. Ils cherchent à alimenter la suspicion parmi la population, visant à semer ainsi des germes de conflits intercommunautaires et interreligieux, «dans l’intention d’opposer les populations dont le vivre ensemble harmonieux a toujours eu pour socle les valeurs humaines partagées». (cath.ch/ibc/be)

Mgr Laurent Dabire, président de la Conférence épiscopale Burkina-Niger | www.egliseduburkina.org
19 juin 2019 | 16:33
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 2  min.
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