Bulletins paroissiaux: du papier au numérique
Dominique-Anne Puenzieux, directrice des Editions Saint-Augustin, a annoncé le lancement de la diffusion des contenus des journaux paroissiaux sur le web. En gestation depuis un an, le projet a été officialisé lors de la Journée de la presse paroissiale le 7 octobre 2017, à Saint-Maurice (VS).
«Nous pouvons enfin concrétiser l’offre digitale que nous avions annoncée l’année passée», indique Dominique-Anne Puenzieux, directrice des éditions Saint-Augustin. Le triomphe n’est pourtant pas de mise car, ajoute-t-elle, il va falloir aller convaincre les rédactions des bulletins paroissiaux. «Le grand enjeu consiste maintenant à expliquer le potentiel du bouquet numérique sur lequel nous avons planché depuis 18 mois». L’objectif est d’embarquer dans l’aventure cinq équipes pour Pâques, idéalement une dizaine d’ici l’an prochain. L’éditeur agaunois compte aussi sur l’effet boule de neige pour séduire davantage de rédactions.
Une offre «clés en main»
En réflexion sur l’avenir de ses bulletins, l’éditeur catholique avait amorcé en 2016 le virage du numérique. Le projet consistait à diffuser une partie du contenu des bulletins sur la toile. Une offfre «clés en main» qui comprenait une page Facebook, un blog, une newsletter et un compte Instagram. Cinq rédactions s’étaient portées volontaires pour jouer les cobayes durant la phase test du projet. «Au moins quatre d’entre elles font le pas», se réjouit la directrice de Saint-Augustin.
«Concrètement, explique Chantal Salamin, responsable du digital, nous prenons en charge toute la diffusion des articles via les canaux numériques proposés». Les rédactions n’ont rien à faire. La publication du contenu du journal se fera quinze jours après parution et de manière échelonnée. L’équipe de Saint-Augustin a pris en compte le risque qu’implique la version web qui détournerait des abonnés du print au profit du web. «Il s’agit de compléter le journal». L’éditeur assurera la modération des commentaires publiés sur les différents supports et va travailler au référencement de ses sites pour améliorer la visibilité des contenus sur la toile.
Un complément au journal
Le prix de 5’000 francs annuels pour un journal diffusé 10 fois (3’000 francs de 3 à 6 parutions) peut paraître élevé. Ce montant n’a pas effrayé outre mesure Jean-Christophe Crettenand, responsable du bulletin du secteur des Deux-Rives, en Valais. Il a participé à la phase test. «En fait cela représente 50 francs par numéro. Nous allons financer le bouquet numérique en passant l’abonnement de 40 à 45 francs. Avec 1’400 abonnés, le coût est couvert», explique-t-il.
Il ne craint pas de perdre des lecteurs, attachés selon lui au journal, et espère surtout toucher un lectorat plus jeune et des actifs. «Certains lisent le bulletin chez des proches. Ils ont accepté de s’abonner mais sans recevoir le journal dont ils liront des articles sur leur tablette ou leur smartphone».
Des hésitations
Craignant de perdre des abonnés sans pour autant gagner de nouveaux lecteurs, d’autres rédactions hésitent fortement à se lancer dans l’aventure. Le prix du forfait est un frein pour d’autres équipes qui, faute de moyens, ne pourront pas se permettre une telle dépense. «Ce travail a un coût en temps et en personnel justifie Dominique-Anne Puenzieux, et nous devons également louer des espaces numériques. Si vous voulez créer un site internet, vous devrez mettre ce prix», argumente-t-elle encore. Elle évoque aussi les investissements consentis par Saint-Augustin pour lancer le projet mais ne ferme néanmoins pas la porte à une adaptations de l’offre selon les cas.
L’avenir de la presse catholique
Dans l’environnement économique et structurel très chahuté que traverse la presse romande, la directrice a rappelé les 110 ans des Editions Saint-Augustin et les 550’000 exemplaires dont la diffusion annuelle est officiellement justifiée. Cependant l’éditeur n’échappe pas, lui non plus, à la baisse de la diffusion de ses journaux et a participé à une réflexion conjointe avec la Conférence des évêques suisses (CES) sur l’avenir de la presse catholique.
Durant sa présentation, la directrice est revenue sur les contraintes de la nouvelle maquette qui avait provoqué le tollé d’une partie des rédactions lors de son lancement. Elle a tenté, exemples à l’appui, de convaincre l’auditoire que la nouvelle formule laissait de nombreuse possibilités. Elle a rappelé que l’uniformisation visuelle de la couverture était incontournable pour pouvoir profiter des tarifs postaux plus avantageux réservés à la presse.
L’annonce du départ à la retraite prochain de Claude Jenny, le secrétaire de rédaction de l’équipe des journaux, a été saluée par une longue ovation. Engagé en 2009, il a fait le lien entre l’équipe de production des bulletins et les rédactions paroissiales. Le nom de la personne qui lui succédera n’est pas encore connu. (cath.ch/bh)