Brésil: Près d’une centaine d’évêques ont appelé à la grève générale
Alors que la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) affirmait, à la veille du 1er mai, sa solidarité avec les travailleurs et les 14 millions de chômeurs que compte le pays, le Brésil a connu vendredi 28 avril 2017 une grève générale historique qui a paralysé les plus grandes villes avec des dizaines de millions de personnes dans la rue.
Cette grève générale contre la réforme antisociale des retraites et la flexibilisation du travail prônées par le gouvernement de Michel Temer avait été convoquée par les mouvements sociaux, les organisations syndicales et par près d’une centaine d’évêques. Selon le site d’informations «Outras Palabras» (http://outraspalavras.net/), 93 évêques avaient en effet appelé, à travers des communiqués et des clips vidéos, à participer à cette grève générale.
Temer a choisi «le chemin de l’exclusion sociale»
Les chaînes de télévision brésiliennes ont passé en boucle toute la journée du 28 avril des images de manifestations dans les grandes villes du pays et de barrages dressés sur les principaux axes routiers. Selon différentes sources, plusieurs dizaines de millions de personnes ont manifesté contre la politique d’austérité prônée par le gouvernement de Michel Temer, nommé à la tête du Brésil après la destitution controversée de Dilma Rousseff, le 31 août 2016.
Lors d’une conférence de presse donnée le 23 mars, Mgr Sergio da Rocha, président de la CNBB avait déjà appelé «les personnes de bonne volonté à se mobiliser pour chercher le meilleur pour le peuple brésilien, en particulier les plus pauvres», estimant que le projet de réforme du système des retraites choisissait «le chemin de l’exclusion sociale».
Absence de dialogue
Le 27 avril, à la veille de cette journée de grève générale, la CNBB avait réitéré son appel à organiser des mobilisations pacifiques à travers le pays. La présidence de la Conférence épiscopale avait estimé, dans un communiqué, qu’il «est inacceptable que des décisions (la réforme des retraites, ndlr) qui ont eu telle incidence dans la vie des personnes et qui ôtent des droits déjà acquis, soient approuvés par le Congrès National, sans un ample dialogue avec la société».
Solidarité avec les chômeurs
La CNBB a également profité de la proximité du 1er mai pour affirmer que le travail est fondamental pour la dignité de la personne et constitue une dimension de l’existence humaine sur la terre. «Par le travail, la personne participe à l’œuvre de création, contribue à la construction d’une société juste. Le travailleur n’est pas une marchandise et ne peut être réduit à l’état d’objet. Il est sujet et a droit à une juste rémunération qui ne se mesure pas seulement au coût de la force de travail, mais aussi pour le droit à une qualité de vie digne».
Par ailleurs, des entités liées à la CNBB avaient également lancé des appels à la mobilisation. C’est le cas de la Commission Pastorale de la Terre (CPT), du Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi), de la Pastorale Carcérale, de la Pastorale de la Santé, ainsi que Caritas Brésil. (cath.ch/jcg/be)