La déforestation ravage l'Amazonie et menace la survie des populations indigènes | © Jean-Claude Gerez
International

Brésil : «Pandémie» de suicides chez les jeunes indigènes

Le suicide des jeunes indigènes au Brésil a pris les allures d’une vraie ‘pandémie’, dénonce une étude publiée le 1er juillet 2016.

 Alors que le président du Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI) l’archevêque de Porto Velho, Mgr Roque Paloshi, a remis personnellement le 30 juin au pape François le «Rapport sur la Violence contre les Peuples Indigènes 2014», un autre rapport rendu public le 1er juillet relève l’ampleur du suicide chez les jeunes et les enfants indigènes.

Ce rapport souligne notamment que sur 327 indigènes qui se sont suicidés entre 2009 et 2013 au Brésil, près de la moitié étaient des jeunes âgés de 10 à 19 ans. Un phénomène qualifié de ‘pandémie’ par les chercheurs de la Faculté latino américaine de sciences sociales (Flasco), auteurs du document. L’étude, menée dans huit municipalités situées dans deux Etats du Brésil (Amazonie et Mato Grosso du Sud) où se concentrent une grande partie des peuples indigènes du Brésil, n’avait pas comme objectif initial d’étudier spécifiquement les populations indigènes. Mais devant l’ampleur des résultats, les chercheurs ont décidé de se pencher sur cette situation inquiétante.

Entre 50 et 75% des suicides parmi les enfants

Entre autres éléments alarmants révélés dans l’étude, figurent par exemple les cas des municipalités de São Gabriel da Cachoeira, Benjamin Constant et Tabatinga, dans l’état d’Amazonas, ainsi que celles d’Amambai e Dourados, dans l’état du Mato Grosso du Sud. «Ces communes apparaissent parmi les plus touchées en termes de suicides des jeunes, avec des proportions allant de 37 à 50% de jeunes et d’enfants parmi les personnes suicidées entre 2009 et 2013. Des chiffres liés à la situation foncière de ces localités. «Les municipalités qui apparaissent parmi les plus touchées par les suicides sont celles dans lesquelles les occupations de terres sont aussi les plus conflictuelles», indique le rapport.

L’ONU et le CIMI dénoncent

Le phénomène ne surprend guère les observateurs. En effet, une étude de l’organisation des Nations Unies de 2009, associait déjà la forte proportion de suicides chez les jeunes indigènes avec un contexte de discrimination et de marginalisation de ces populations. Il évoquait également «les conséquences de la colonisation traumatique des terres indigènes», entraînant notamment «des pertes de formes traditionnelles d’existence», «un sentiment d’isolement social qui peut conduire à des réactions d’autodestruction».

Autant de situations régulièrement dénoncées par le Conseil Indigéniste Missionnaire (CIMI). C’est en tout cas le sens de la visite au pape François de Mgr Roque Paloshi, archevêque de Porto Velho et président du CIMI. Le 30 juin, le prélat a en effet remis personnellement au pontife le «Rapport sur la violence contre les peuples Indigènes 2014.» Il y est notamment rappelé que le «Brésil connaît une situation inquiétante face à la souffrance de nos premiers habitants. L’indifférence, l’avance des grands projet d’agrobusiness, la construction de complexes hydro électriques, l’implantation de sites d’extraction minière et la dévastation de l’environnement en général, ont des conséquences désastreuses pour les peuples indigènes.» (cath.ch-apic/jcg/mp)

La déforestation ravage l'Amazonie et menace la survie des populations indigènes | © Jean-Claude Gerez
6 juillet 2016 | 13:14
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Brésil (392), CIMI (25), indigènes (19), Suicide (36)
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