Doté d’une forte personnalité, Mgr Pedro Casaldáliga s’est rapidement installé au cœur de la région amazonienne. | Capture-écran
International

Brésil: Mgr Pedro Casaldáliga, source d’inspiration pour le synode

Objet d’une biographie remise au Pape François ce lundi 21 octobre, Mgr Pedro Casaldáliga, Evêque émérite de Sao Felix do Araguaia, au cœur de l’Amazonie brésilienne, est reconnu pour son prophétisme et son combat pour défendre les plus démunis en Amazonie. Un demi siècle de lutte qui a fait de ce nonagénaire à la santé désormais fragile une source d’inspiration pour de très nombreuses personnes, laïcs ou religieux.

Il n’est pas présent physiquement au Vatican pour le Synode pour l’Amazonie. Mais son esprit plane au-dessus des débats. C’est justement pour lui rendre hommage, que Mgr Adriano Ciocca, l’actuel prélat de São Felix do Araguaia, a remis personnellement au pape François un exemplaire de la biographie de Mgr Pedro Casaldáliga, intitulée Un évêque contre toutes barrières.

Écrit par la célèbre journaliste carioca Ana Helena Tavares, cette biographie réunit de très nombreux témoignages et éléments de la vie du religieux dont le ministère pastoral est à lui seul un symbole de ce que le pape François appelle de ses vœux: «un prêtre imprégné de l’odeur de ses brebis». Selon Mgr Adriano Ciocca, le Saint-Père a d’ailleurs précisé qu’il recevait le livre avec «beaucoup de joie».

Tongs aux pieds

Connu comme l’»évêque du peuple» ou l’»évêque Rouge», comme le surnommaient ses ennemis, Mgr Casaldáliga est né à Balsanery, dans la province de Barcelone, le 16 février 1928. Ordonné prêtre le 31 mai 1952, ce catalan est venu s’installer au Brésil en 1968.

Doté d’une forte personnalité, il s’est rapidement installé au cœur de la région amazonienne et s’est engagé dans la lutte pour les droits des minorités, en particulier des «ribeirinhos» (riverains des cours d’eau) et des peuples indigènes. Un engagement qui l’a d’ailleurs poussé à être l’un des fondateurs de la Commission Pastorale de la Terre (CPT) et du Conseil Indigéniste Missionnaire (Cimi).

Son style de vie spartiate – tongs aux pieds et jeans à la place de la soutane – et sa détermination dans la défense d’une Eglise avec une forte action sociale ont fait de lui l’une des icônes de la Théologie de la Libération, une ligne catholique populaire en Amérique latine, dans les années 1970 et 1980.

En 1971, lorsqu’il a été nommé évêque de São Félix do Araguaia, petite ville de 11’000 habitants, il a intitulé sa première carte pastorale «Une Eglise d’Amazonie opposée aux grands propriétaires et à la marginalisation sociale». Un ton dont il ne se départira jamais durant les décennies suivantes, provoquant le mécontentement, pas seulement des sphères politiques durant la dictature (1964-1985), mais également au sein même de l’Église catholique.

Souvent menacé de mort

Les menaces de mort se sont succédées sans jamais freiner la détermination de cet homme d’Eglise. Parmi les plus sérieuses, figurent celles qu’il a reçues en 2012, lorsque les forces de la Police Fédérale ont commencé à retirer les non-indigènes du territoire Marãiwatsédé. Mgr Casaldáliga a alors reçu de très nombreuses lettres, messages et appels téléphoniques anonymes, l’obligeant, à son grand regret, à quitter la région pendant deux mois, pour se réfugier dans la maison d’un ami à Goiânia, la capitale de l’Etat de Goias. C’est à ce moment là, d’ailleurs qu’il a été diagnostiqué porteur de la maladie de Parkinson.

Si son état de santé s’est semble-t-il un peu dégradé ces derniers mois, ses proches – Mgr Adriano Ciocca, en tête – assure que le nonagénaire n’a guère changé ses habitudes à São Félix do Araguaia. «Sa maison reste toujours ouverte pour qui le souhaite», assure-t-il.

Une disponibilité pour les plus démunis d’Amazonie qui ne faillit pas. De quoi inspirer les évêques réunis au Vatican pour tâcher de dessiner le futur de l’Amazonie, une région chère à  Mgr Casaldáliga. (cath.ch/jcg/bh)

Doté d’une forte personnalité, Mgr Pedro Casaldáliga s’est rapidement installé au cœur de la région amazonienne. | Capture-écran
23 octobre 2019 | 10:00
par Jean-Claude Gérez
Temps de lecture : env. 3  min.
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