Brésil: l’évêque ripoux faisait chanter ses prêtres
La Conférence des évêques du Brésil (CNBB) veut faire toute la lumière sur les malversations dont se sont rendus coupables l’évêque de Formosa et au moins cinq de ses prêtres. De son côté le pape François a nommé le 19 mars un administrateur apostolique pour assurer la conduite du diocèse situé dans l’État de Goiás, au centre ouest du Brésil.
Les révélations se succèdent après l’opération policière lancée le 17 mars contre Mgr José Ronaldo Ribeiro, soupçonné de graves malversations financières au détriment des fidèles et du diocèse. Les premiers jours d’enquête ont révèlé l’ampleur de l’escroquerie, l’usage de l’argent et le chantage auquel l’évêque soumettait les prêtres de son diocèse pour empêcher qu’ils le dénoncent.
Lors de la perquisition menée par les enquêteurs jeudi 22 mars au domicile du prélat, et dont les images circulent en boucle sur les télévisions et les réseaux sociaux, l’équivalent de 70’000 dollars US ont été découvert derrière le fond factice d’une armoire, emballés dans du film plastique transparent.
Dans la nuit du 17 au 18 mars, une opération policière baptisée « Caifas » (« Caïphe ») (ndlr du nom du grand prêtre qui a condamné Jésus) a été menée à Formosa et dans deux autres communes. Elle s’est soldée par l’interpellation de l’évêque et de douze autres personnes, parmi lesquelles figurent son vicaire-général et quatre prêtres.
Trois millions de réaux détournés
Tous sont accusés de corruption et d’association criminelle, pour avoir détourné au moins deux millions de réaux (près de 580.000 CHF) à des fins non religieuses. Cet argent aurait été soustrait des donations effectuées par les fidèles, de la dîme, et de comptes servant à financer des évènements religieux au sein du diocèse. À travers les interrogatoires et les confrontations des protagonistes, les policiers ont commencé à dessiner les contours de cette organisation criminelle dont le montant global des détournements a été réévalué à trois millions de réaux (près de 860.000 CHF). Cette somme aurait notamment permis d’acheter des biens matériels, des parfums, des voitures, une maison de loterie et même une exploitation agricole. Le Ministère public à mis en examen l’ensemble des protagonistes et les a placés en détention préventive.
« Communion avec l’évêque, pas avec l’Église »
Les confrontations ont permis en outre de révéler les agissements de l’évêque. «Les prêtres interpellés ont assuré qu’ils étaient contraints par le prélat de couvrir ces agissements», a indiqué la procureure de justice en charge de l’enquête, Fernanda Balbinot. Selon plusieurs témoignages concordants, les prêtres auraient été convoqués à une réunion le 21 décembre 2017 pour «aligner leur positionnement». «Durant cette réunion, les prêtres étaient personnellement appelés pour dire s’ils étaient, non pas en communion avec l’Église, mais en communion avec l’évêque». La procureure a précisé que plusieurs religieux avaient refusé de soutenir Mgr José Ronaldo Ribeiro avaient été transférés dans des paroisses très éloignées, avec de très maigres ressources financières».
La CNBB veut la vérité
Face à ses révélations qui ternissent l’image de l’Église, Mgr Leonardo Steiner, le secrétaire général de la conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), exprime sa solidarité avec les prêtres et les fidèles du diocèse- Dans un communiqué il affirme que la vérité des faits doit être recherchée avec justice et transparence, pour le bien de l’Église particulière.
De son côté, le pape François a nommé Mgr Paulo Mendes Peixoto, l’archevêque de Uberaba (État du Minas Gerais) administrateur apostolique du diocèse de Formosa. Il devra gérer le diocèse en attendant la nomination d’un nouvel évêque et tâcher de ramener un peu de calme parmi les fidèles qui se regroupent chaque jour devant le Palais de Justice de Formosa pour exprimer leur colère et leur dépit. (cath.ch/jcg/mp)