Brésil: l’Eglise se mobilise pour rendre hommage aux morts du covid
Le Brésil s’approche du seuil tragique des 500’000 victimes du nouveau coronavirus. Dans ce contexte de douleur et de besoin d’espoir et de réconfort, la Conférence nationale des Évêques du Brésil (CNBB) prépare des prières, des hommages et une mobilisation sociale pour se souvenir des nombreux Brésiliens décédés et pour souligner le message selon lequel «chaque vie compte».
Une messe est prévue le 19 juin à Rio de Janeiro, tandis que tous les diocèses seront invités à faire sonner les cloches à 15 heures, l’heure de la Miséricorde, rapporte l’agence Fides. La messe sera présidée par Mgr Joel Portella Amado, évêque auxiliaire de l’Archidiocèse de Rio de Janeiro, qui a déclaré: «c’est un acte de solidarité, d’espoir, d’engagement, pour essayer de rendre le Brésil un peu meilleur».
Toutes les personnes qui, d’une manière ou d’une autre, ont dans leur cœur la sensibilité minimale devraient s’arrêter en ce moment pour réfléchir. «500’000 est un chiffre symbolique, mais un demi-million de personnes sont tout de même nombreuses», a déclaré l’Évêque.
Plus de 490’000 morts
Les images des nombreux manifestants qui sont descendus dans la rue, il y a moins de 15 jours, pour demander la destitution du président Jair Bolsonaro, circulent encore dans les journaux et sur Internet. Ils tiennent le président pour responsable d’une gestion de la pandémie définie comme «désastreuse» qui a fait du Brésil l’un des épicentres du Covid-19 et a causé jusqu’à présent la mort de plus de 490’000 personnes.
Le pays enregistre 17 millions et demi de cas d’infections. Actuellement 10 % de la population est vaccinée.
Les manifestations, les plus importantes depuis le début de l’urgence sanitaire, ont été organisées par des partis de gauche, des syndicats et des associations d’étudiants dans de nombreuses villes, de Sao Paulo à Belo Horizonte, de Recife à la capitale Brasília, et dans des dizaines de petites villes du pays.
Le président brésilien a déclaré la semaine dernière que le nombre réel de décès dus au coronavirus dans le pays pourrait représenter 50 % du décompte officiel. «Je vais vous donner une information de première main: la Cour des comptes ne confirme pas le nombre de décès dus au Covid l’année dernière; environ 50 % des personnes attribuées au virus ne le seraient en fait pas», a déclaré le chef de l’État, selon les agences de presse.
Le Brésil est au centre de l’attention des médias du monde entier pour l’évolution de la pandémie et sa mauvaise gestion. La crise sanitaire a de graves implications politiques: plus de soixante-dix demandes de mise en accusation du président Bolsonaro ont été présentées à la Chambre des députés, mais aucune n’a eu de réponse à ce jour.
La Conférence épiscopale critique le président
À de nombreuses reprises, l’Église catholique a élevé la voix pour signaler cette situation. Le moment actuel exige compétence et lucidité, donc «les discours et les attitudes qui nient la réalité de la pandémie, ignorent les mesures sanitaires et menacent l’État de droit démocratique, sont inacceptables», a déclaré la Conférence épiscopale.
Parmi les nombreuses prises de position d’évêques au cours de cette période de pandémie, l’Évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Belo Horizonte, Mgr Vicente de Paula Ferreira, a récemment utilisé les médias sociaux, le lundi 14 juin, pour exprimer une fois de plus sa déception face aux actions du président Bolsonaro. «Toi qui es entré à Jérusalem sur un âne, donne-nous le courage d’affronter le tyran qui tue notre peuple. Délivre-nous, Seigneur, de l’emprise de la mort», a écrit l’Évêque.
Auteur de plusieurs ouvrages, membre de la Société d’études psychanalytiques de Juiz de Fora, il a été formateur d’étudiants rédemptoristes dans leur théologat de Belo Horizonte. Il était très proche des communautés de la région au moment de la tragédie de Brumadinho, lorsque le barrage de Córrego do Feijão a cédé faisant des centaines de victimes. (cath.ch/fides/bh)