Le candidat à la présidence Bolsonaro menace l'évêque de Ruy Barbosa
Mgr André de Witte, évêque de Ruy Barbosa, dans l’Etat de Bahia, au Brésil, est l’objet de violentes attaques sur les réseaux sociaux de la part du candidat d’extrême-droite à la présidence de la République Jair Bolsonaro. Son tort: avoir publié une très critique «Lettre au peuple de Dieu» en vue les élections du 7 octobre de 2018.
Président de la Commission pastorale de la Terre (CPT) de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB), Mgr André de Witte est attaqué pour avoir recommandé de ne pas élire de sénateurs ou de députés fédéraux ayant soutenu «l’amendement constitutionnel n° 95/2016». Le texte préconise le gel pendant 20 ans de tout type d’investissements en matière d’éducation et de politiques sociales ainsi que la réforme du marché du travail.
La solidarité plutôt que la haine
Le prélat d’origine belge a également demandé aux électeurs brésiliens de ne pas voter pour des candidats «qui attaquent les droits fondamentaux et défendent l’usage des armes comme solution aux problèmes sociaux», visant ainsi explicitement Jair Bolsonaro. Il a également demandé de ne pas élire ceux qui «ne défendent pas les valeurs de la vie de la conception à la mort naturelle, de la famille conforme au projet de Dieu, de la liberté religieuse, du respect, de la santé, de l’éducation, du droit au logement et de la préservation de l’environnement».
L’évêque de Ruy Barbosa a en revanche invité à choisir des personnes qui luttent pour «la reconnaissance des territoires indigènes, des communautés quilombolas» – à savoir les descendants des esclaves afro-brésiliens – ainsi que pour les droits des Roms. Il a incité à élire des responsables qui s’engagent en faveur de la réforme agraire, du logement populaire et des droits des travailleurs.
Engagement en faveur du bien commun
En outre, l’évêque a recommandé de vérifier si les candidats, y compris les députés et les sénateurs en place, «sont plus préoccupés par une bonne présentation de leur image durant la campagne électorale que de présenter des propositions portant sur les grands problèmes sociaux du pays».
Quelques jours plus tard, l’Assemblée des évêques et des fidèles de la région Nord 1, composée de 9 circonscriptions ecclésiastiques, lui a fait écho. Elle a exhorté les citoyens à «connaître et évaluer les propositions et la vie des candidats au pouvoir exécutif en cherchant à identifier avec clarté les intérêts de chaque candidat» et à «vérifier si, dans leur action politique, ils sont engagés en faveur du bien commun».
Le 1er octobre, Mgr Reginaldo Andrietta, évêque de Jales, dans l’Etat de San Paulo, a écrit, lui aussi que «les positions de nombreux chrétiens sont scandaleuses tout comme l’est le soutien apporté à un candidat à la présidence qui sème la violence, la haine, le racisme, l’homophobie et les préjugés envers les femmes et les pauvres».
Non à l’apologie de la torture et de la peine de mort
Mgr Andrietta a dénoncé ceux qui «utilisent faussement les thèmes de l’avortement, de la théorie du genre, de la famille et de l’éthique» tout en faisant l’apologie de la torture et de la peine de mort, de l’usage des armes, et de l’incitation au viol. Il a également fustigé d’autres candidats «qui utilisent en vain le nom de Dieu, chose que l’Ecriture Sainte réprouve».
Il faisait ainsi une référence explicite au candidat Jair Bolsonaro, que la presse et les réseaux sociaux qualifient de «Trump brésilien». Homme politique au long cours, capitaine en retraite de l’armée de terre, Bolsonaro instrumentalise son catholicisme et est explicitement soutenu par des Eglises néo-pentecôtistes.
Le candidat d’extrême-droite a récemment défendu l’inégalité des salaires entre hommes et femmes, prononcé des phrases offensantes envers les Noirs, les Indiens et les Roms. Toutefois, pour ses partisans qui l’appellent «le mythe», il serait le seul à pouvoir sauver le pays de la corruption et de la désagrégation morale, économique et politique. Le 29 septembre dernier, il a déclaré dans un entretien: «A ce que je vois sur les places, je n’accepterai pas un résultat qui ne corresponde pas à mon élection». (cath.ch/fides/be)