Des portes saintes ont été installées dans des prisons (Photo:  Jean-Claude Gerez)
International

Brésil: La Pastorale carcérale dénonce l'emprisonnement massif

Goiania, 30.08.2015 (cath.ch-apic) En plein débat polémique sur la baisse de la majorité pénale au Brésil, la Pastorale Carcérale a organisé, entre le 28 et le 30 août, une rencontre nationale dénonçant l’emprisonnement massif et la privatisation du système carcéral. Le rassemblement s’est déroulé à Goiania, au centre du pays, en présence des coordinateurs nationaux de cette pastorale rattachée à la Conférence épiscopale du Brésil (CNBB).

Avec plus de 600’000 personnes détenues, dont 40% en attente de leur jugement, le système carcéral brésilien est le quatrième plus important au monde, après celui des Etats-Unis (2,2 millions de détenus), de la Chine (1,6 million) et de la Russie (673’800), selon les chiffres du ministère de la Justice.

Surpopulation

La surpopulation est l’une des principales caractéristiques d’un système carcéral brésilien marqué par la violation des droits et les mauvais traitements ainsi que des cas de tortures récurrents. L’emprisonnement massif de la population pauvre et issue des quartiers périphériques des grandes villes, en grande majorité noire, augmente d’ailleurs chaque jour, touchant aussi bien les hommes que les femmes, obligés d’affronter des conditions toujours plus précaires.

«L’option de l’incarcération massive est présentée comme une réponse à l’augmentation de la violence et de la délinquance, a souligné le Père Valdir Joao Silveira, coordinateur national de la Pastorale carcérale. Pourtant, elle est loin d’avoir porté ses fruits. Bien au contraire! Lors des 25 dernières années, les indices de violence et les actes de délinquance n’ont jamais cessé d’augmenter, pour atteindre des niveaux vertigineux, en particulier chez les populations les plus démunies».

Un projet de loi polémique

Lors de cette Rencontre nationale, les participants ont rappelé que, malgré le constat de l’inefficacité de l’emprisonnement massif comme réponse à la violence, l’Etat brésilien persiste dans cette démarche du tout répressif. Pire, «les solutions proposées vont dans le sens d’un renforcement de la politique carcérale, en allant même jusqu’à confier au secteur privé la création et la gestion de centres de détention».

Cette Rencontre nationale de la Pastorale carcérale intervient en plein débat polémique sur la proposition d’amendement de la Constitution (PEC 171/1993), qui propose la réduction de la majorité pénale. Déjà adoptée par l’Assemblée et actuellement examinée par le Sénat, cette proposition de loi est fortement critiquée par la CNBB. Les évêques estiment en effet que la réduction de la majorité pénale, qui va encore faire augmenter le nombre de détenus, n’est pas une solution pour lutter contre la violence dans le pays. La CNBB invite d’ailleurs les dirigeants brésiliens à investir dans une éducation de qualité et dans des politiques publiques pour la jeunesse et la famille. (apic/jcg/rz)

Des portes saintes ont été installées dans des prisons
30 août 2015 | 17:15
par Raphaël Zbinden
Temps de lecture : env. 2  min.
Brésil (392), Criminalité (28), prison (109)
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