Brésil: entreprises responsables de la propagation de la Covid
La Commission Pastorale de Terre (CPT) dénonce, dans un communiqué, la contamination massive par la Covid-19, notamment des travailleurs du secteur agro-industriel en milieu rural. L’organisation désigne comme responsables les entreprises qui ne se sont pas préparées à l’arrivée du virus, comme le recommande pourtant l’OMS, et ne respectent pas les mesures de sécurité.
«Les abattoirs, la construction civile et les entreprises minières, principalement, ont contribué au développement de la pandémie à l’intérieur des terres, entrainant une tragédie sanitaire et sociale qui atteint une partie de la population brésilienne, jusque là relativement préservée».
Outre «l’irresponsabilité dans le non respect des protocoles de sécurité de la part des entreprises de ces secteurs», la CPT rappelle que l’extension du coronavirus à l’intérieur du pays est facilitée par «des politiques erronées au niveau national, au sein des états et des municipalités». D’où les chiffres très élevés – 3,2 mio de personnes contaminées et 105’463 morts – «qui place le Brésil aux avant-postes d’un classement macabre».
La pandémie s’aggrave dans les campagnes
De son côté, la Confédération Brésilienne Démocratique des Travailleurs des Industries de l’Alimentation (Contac) estime qu’au mois 200’000 travailleurs ont été infectés – soit l’équivalent de 25% total de la main d’œuvre du secteur. Et entre 25 et 50% des travailleurs contaminés exercent dans les chaines de production de volaille, porcs et bovins.
«La pandémie montre l’échec dans l’accueil sanitaire des personnes dans le monde rural, souligne le communiqué de la CPT. L’infection communautaire est un problème dans de nombreux états et est en train de s’aggraver principalement dans les petites communautés rurales, et au sein des peuples natifs et traditionnels».
Effets et impacts différents
D’après l’Articulation des Peuples Indigènes du Brésil (Apib), 667 indigènes sont morts et près de 25’000 ont été contaminés par la Covid-19 depuis le début des premiers cas recensés au Brésil, en février dernier. Au sein des quilombolas (communautés descendantes des esclaves), la Coordination Nationale de l’Articulation des Communautés Noires Rurales Quilombolas (Conaq), 152 morts et plus de 4’000 personnes contaminées ont été comptabilisées.
«Nous constatons également que les impacts et les effets de la Covid-19 sont différents en fonction de la classe sociale, l’ethnie et le mode de vie, affirme la CPT. La forme avec laquelle le virus se répand dans la société brésilienne met en évidence les problèmes structures inhérents à l’exploitation séculaire du capitalisme agraire, néocolonial, agro-industriel et financier».
Eloge aux évêques
Le texte de la Commission Pastorale de la Terre se termine par un éloge «à la posture courageuse et prophétique de la Lettre au Peuple de Dieu» signée par 152 évêques de l’Église catholique (voir article du 29 juillet). Dans cette carte, appuyée, début août, par plus de 1’500 prêtres, les prélats soulignent l’omission et l’inertie du gouvernement fédéral dans un moment qu’ils considèrent «comme l’un des plus difficiles de l’histoire du pays». Ils dénoncent aussi la politique du président Jair Bolsonaro, «centrée sur le marché et le profit à n’importe quel prix» et qui «défend les intérêts d’une ‘économie qui tue’». (cath.ch/jcg/gr)