Brésil : Pour la CPT, le port d’arme autorisé dans les campagnes est «un permis de tuer»
Autoriser le port d’armes dans les zones rurales du Brésil revient à délivrer un «permis de tuer», a dénoncé la Commission pastorale de la terre (CPT). Pour Paulo Cesare Moreira, membre de la Coordination Nationale de la CPT, cette proposition de loi (PL 224) risque de faire augmenter le nombre record de morts dans les conflits de la terre.
Alors que l’année 2017 est en voie de battre le record de morts dans le cadre de conflits de la terre -47 personnes ont déjà été assassinées depuis le début de l’année-, le Sénateur Wilder Morais (Parti Progressiste – conservateur et libéral) a déposé une proposition de loi qui autorise la possession d’armes pour les habitants des zones rurales.
Pour Paulo Cesare Moreira, membre de la Coordination Nationale de la Commission Pastorale de la Terre (CPT), cette proposition de loi (PL 224) revient à délivrer un «permis de tuer» et risque d’augmenter encore d’avantage le nombre de morts dans les zones rurales du Brésil.
«La violence dans les campagnes va être encore plus importante, car les peuples qui voudront faire reconnaître leurs droits à la terre seront plus exposés à la violence. Les grands propriétaires terriens sont déjà en train de s’armer contre ces populations. La libération du port d’armes revient donc à légaliser les crimes contre ces personnes, comme s’il s’agissait d’une politique de nettoyage», a dénoncé Paulo Cesare Moreira.
Absence de l’État
D’après le texte du projet 224, auront droit à posséder une arme toutes les personnes âgées au minimum de 21 ans qui satisfont aux exigences du Statut de Désarmement, comprenant 15 points dont par exemple l’obligation de fournir un certificat médical attestant une bonne santé mentale. Le sénateur affirme que la zone rurale «se trouve dans une situation de déficit d’assistance de la part des forces de sécurité.»
Cette affirmation est démentie par Paulo Cesare Moreira. Lui, il assure que ce sont «les peuples les plus pauvres de la campagne, comme les indigènes, les quilombolas (ndlr descendants des esclaves) et des paysans sans terre qui souffrent le plus de l’absence de l’État.» Et les critiques à l’adresse du sénateur ne s’arrêtent pas là.
«L’État aux côtés des grands propriétaires»
«Vous représentez un État qui est seulement présent aux côtés des grands propriétaires terriens, poursuit le représentant de la CPT. La violence contre les plus pauvres provient de milices armées, parfois appuyées par des policiers. La lutte pour la régularisation des terres est vue comme un crime. Donc armer les grands propriétaires terriens pour ‘affronter le crime’ peut légitimer une offensive contre ces populations.» (cath.ch/jcg/mp)