Brésil: 50'000 signatures pour la protection du «prêtre des SDF»

Après avoir reçu de nombreuses menaces de mort pour son travail auprès des SDF et des usagers de crack du centre de Sao Paulo, le père Júlio Lancellotti ne cesse de recevoir des messages de soutien de la part de religieux de laïcs.

Agé de 69 ans, le Père Julio Lancellotti se consacre depuis 35 ans aux populations marginales de São Paulo, notamment les sans domicile fixe et les des usagers de crack (ndlr, drogue à base de cocaïne). Prêtre de l’église de São Miguel Arcanjo, de Mooca, un quartier plutôt cossu de la mégapole brésilienne, le religieux est depuis longtemps la cible de menaces et de pressions. Des menaces attribuées à ses prises de position sans ambiguïté.

Ainsi, en mai 2015, il avait reçu des menaces anonymes après avoir dénoncé la répression et le processus «d’hygiénisation sociale en raison de la spéculation immobilière». En septembre 2017, il avait essuyé de nouvelles intimidations pour avoir critiqué avec véhémence la violence avec laquelle les forces de la police municipale et de la police militaire expulsaient les sans domicile fixe de leurs campements précaires, n’hésitant pas à faire usage de gaz au piment. Mais les menaces proférées il y a quelques jours par deux hommes en moto ont encore fait monter la tension d’un cran. 

Soutien au père Lancellotti

Bonne nouvelle, le père Lancellotti peut compter depuis cette fin de semaine sur une pétition de soutien réclamant au gouverneur de l’Etat de Sao Paulo des mesures pour la protection du religieux. En cinq jours, l’initiative lancée par «des personnes engagées au sein de mouvements sociaux et populaires, de défenseurs de la dignité humaine et de du respect à la vie», a en effet récolté plus de 50 000 signatures «pour exiger des autorités compétentes les garanties nécessaires à l’intégrité physique du curé et de ceux et celles qui le soutiennent dans sa tâche auprès des plus démunis». 

Parmi les milliers de signataires figurent de nombreux catholiques et laïcs, membres de pastorales et d’organisations liées à l’Eglise.  FIgiurent aussi pareil les signataires des personnalités comme le cardinal Odilo Scherrer, archevêque de Sao Paulo, ou encore Toninho Kalunga Sá, élu du Parti des Travailleurs (PT) et représentant du groupe «Politique et Religion» au Parlement, qui regroupe des élus catholiques et évangéliques. Ce dernier a d’ailleurs apporté son soutien public au prêtre, expliquant qu’il était «important  de montrer que le père Júlio Lancellotti n’était pas seul et qu’il existait autour de lui et de sa mission un vrai élan de solidarité». Pour l’élu, «une personne qui sent le soutien de plus de 50 000 personnes doit se sentir renforcée». 

«S’il m’arrive quelque chose…»

Sensible à ces marques de soutien et de solidarité, le père Júlio Lancellotti a réaffirmé dans une vidéo publiée dimanche 20 septembre sa détermination à poursuivre sa mission, malgré les menaces et les critiques dont il a été victime,  y compris de la part de candidats d’extrême droite aux prochaines élections municipales qui se tiendront novembre prochain. « Après ces menaces et ces critiques, je suis chaque jour davantage en situation de risque. Mais au moins les choses sont claires : s’il doit m’arriver quelque chose, vous savez qui seront les responsables et à qui il faudra demander des comptes ». (cath.ch/jcg/cp)