Bolivie: l’Église demande une mobilisation générale contre les féminicides
Les évêques boliviens ont critiqué, début août 2019, le manque de mobilisation de l’État contre le fléau des féminicides dans le pays. Ils ont également exhorté les Boliviens à apporter leur appui et leur soutien aux femmes victimes de violences.
74 féminicides ont été commis en Bolivie dans les six premiers mois de 2019. Ceci malgré la promulgation, en mars 2013, de la Loi intégrale pour garantir aux femmes une vie sans violence et la typification du féminicide. Quelque 628 assassinats ont été dénombrés depuis cette date dans le pays andin de moins de 12 millions d’habitants. De quoi révolter les évêques boliviens qui n’hésitent pas à qualifier ces crimes de «malédiction qui dévaste l’ensemble du continent».
«Un mal qui désintègre la société»
Dans une conférence de presse, les évêques ont demandé à tous les agents de l’État de plus grands efforts pour garantir l’application de la loi. Devant les journalistes, Mgr Aurelio Pesoa Ribera, évêque auxiliaire de La Paz et secrétaire général de la Conférence épiscopale bolivienne (CEB) a lu un communiqué affirmant que «la législation n’offre pas toutes les conditions pour avoir une incidence significative face à ce mal qui désintègre la société et questionne ses fondements».
Le texte souligne qu’il est «urgent que les instances du gouvernement, localement et nationalement, en cohérence avec la loi, fassent de plus amples efforts pour garantir une véritable et efficace application des textes en vigueur».
En plus des efforts institutionnels, la CEB a demandé à tous les citoyens de ne pas hésiter à dénoncer tous les cas de violence et à offrir leur appui et leur soutien aux femmes victimes, qui souffrent fréquemment de représailles, mépris ou pressions.
S’attaquer aux causes des féminicides
Les évêques boliviens ont rappelé que les enseignements de l’Église catholique exigeaient un travail en commun pour s’attaquer aux causes de la violence de genre. Des violences qui s’expliquent par «la culture machiste qui perdure, la détérioration des valeurs morales, la perte de la valeur sacrée de la vie, l’inapplicabilité des lois, la lenteur de la justice, l’oubli du sentiment religieux, l’indifférence et la complicité, la dépendance et la soumission économique des femmes».
De son côté, l’Église entend se mobiliser en particulier à travers les nouvelles orientations données à la Pastorale familiale qui, selon les prélats, «doivent donner la priorité au service aux femmes vulnérables, avec des initiatives dans le cadre de la prévention, de l’attention et de l’accompagnement». (cath.ch/jcg/rz)